Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 28.djvu/1035

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
1031
REVUE. — CHRONIQUE.

sujet ; qu’il en a consulté un certain nombre dont la plupart, émanant de personnes étrangères au duché de Brunswick, lui ont paru des garanties suffisantes d’impartialité ; qu’enfin, n’ayant pas eu occasion de séjourner dans le pays, il ne possède sur les évènemens en question aucun renseignement qui lui soit personnel et dont il puisse répondre. Du reste, il ne demande pas mieux que de rétracter ce qu’il pourrait y avoir de trop dur dans ses expressions relativement à la vie privée du duc Charles, car on doit des égards aux vivans, surtout quand ils sont princes et malheureux. Quant aux actes publics, qui sont du domaine de l’histoire, il serait tout prêt à les qualifier autrement qu’il ne l’a fait, s’il lui était prouvé que les sources où il a puisé sont erronées et mensongères, mais il doit avouer ici que la lettre de M. Flügel n’a nullement porté cette conviction dans son esprit, et qu’elle ne lui a paru guère contenir que des affirmations sans preuves. Ainsi M. Flügel, après avoir lancé les plus graves accusations contre le roi d’Angleterre George IV, dont le nom, selon lui, a été grossir la liste de ceux que l’histoire livre aux malédictions des peuples, déclare qu’il eut tous les torts, et des torts inexcusables dans sa querelle avec le duc Charles. Il ajoute que celui-ci n’a eu à se reprocher aucun acte arbitraire, à moins qu’on n’appelle ainsi tout exercice que se permet un souverain des droits que la loi lui confère, qu’il ne laissait pas l’administration de ses états aux mains de ses favoris, et cela par une bonne raison, c’est qu’il n’a jamais eu de favoris, que l’anecdote puisée dans l’ouvrage de M. Kock est entièrement de son invention, etc., etc. Ce sont là de simples dénégations, ce ne sont pas des réponses concluantes. L’avocat du duc Charles ajoute que la révolution de septembre 1830 a été faite par les nobles, qui ne lui pardonnaient pas d’avoir supprimé dans l’intérêt du peuple une constitution qui leur était trop favorable. Selon lui, ce ne sont pas les habitans de la capitale qui ont assailli à coups de pierres la voiture du duc, mais des misérables soudoyés par la noblesse. Si le prince eût favorisé l’aristocratie, il serait encore aujourd’hui prince régnant. Il ne paraît pas fort vraisemblable qu’une révolution évidemment causée par le contre-coup de celle de juillet ait été faite par la noblesse brunswickoise contrairement aux intérêts et à la volonté du peuple, lequel n’aurait vu cet évènement qu’avec douleur et surprise ; mais enfin voilà l’explication qu’en donne M. Flügel. C’est aux lecteurs à juger si elle réfute victorieusement l’exposé présenté dans la Revue.


Vie de saint Dominique, par M. l’abbé Lacordaire[1]. — Depuis dix ans, la société et la religion ont été travaillées par bien des schismes, et, fort heureusement pour le repos général, les réformateurs modernes s’en sont tenus aux théories. Nous avons vu naître et mourir plus d’un messie, mais personne n’a été crucifié, et les prophètes sont descendus du trépied sans que

  1. Un volume in-8o. Paris, Debécourt, 1841.