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LA FLOTTE FRANÇAISE.

Friedland et le Jemmapes, lancés en 1840 ; l’Inflexible, en 1839 ; l’Hercule, en 1836. Parmi les autres, il en est qui remontent au temps de la république, comme l’Océan, magnifique trois-ponts, sur lequel M. Hugon a mis son pavillon d’amiral. Il est vrai que l’Océan, lancé en 1790, a été en 1836 l’objet d’une refonte à peu près complète. Huit vaisseaux datent de l’empire : le Montebello, refondu en 1822 ; l’Iéna, refondu en 1834 ; le Diadème, en 1836 ; le Trident, en 1820 ; la Ville de Marseille, en 1825 ; le Scipion, en 1823 ; l’Alger, en 1834 ; le Marengo, en 1822. Les sept autres vaisseaux armés, le Santi-Pétri, le Neptune, le Jupiter, le Triton, le Généreux, le Souverain, appartiennent à la restauration ou au régime actuel. Dans le nombre il n’en est que deux, le Généreux et le Jupiter, qui n’aient pas encore subi de refonte. On le voit, ce matériel n’est pas très neuf dans son ensemble, et sur bien des points il faudrait le rajeunir. L’Iéna et le Triton, fortement éprouvés par la campagne d’hiver, doivent être prochainement réformés. Le Scipion, le Trident, la Ville de Marseille, le Marengo, ont accompli, depuis leur dernier radoub, les seize années d’âge qui sont, pour les vaisseaux, la limite d’un bon service. Le Montebello, dont les réparations datent de 1822, est dans le même cas. Dix vaisseaux à peine sur vingt présentent toutes les conditions désirables de solidité et de durée. Il serait donc temps de mettre la main à ceux qui dorment sur nos chantiers, et dont seize au moins se trouvent entre dix-huit et vingt-deux vingt-quatrièmes d’avancement.

C’est là un de nos côtés faibles, et nous ne voyons pas qu’on fasse rien pour y remédier. On dirait que la pensée de M. le baron Portal, ministre si fatal à la marine, survit encore dans l’administration. Refondre de vieux vaisseaux au lieu d’en construire de neufs, voilà quelle semble être la marche constamment suivie ; on a pu voir cependant, dans une série d’épreuves, combien elle était funeste aux armemens et en même temps dispendieuse. Des vaisseaux ont été refondus jusqu’aux dix-neuf vingt-quatrièmes, c’est-à-dire qu’à cinq vingt-quatrièmes près on a refait un ancien vaisseau, au lieu d’en installer un neuf. Les chantiers ne manquent pas de vaisseaux commencés : nous en avons vingt-six, et pourtant on n’en a lancé que quatre depuis neuf ans, dont trois en 1839 et 1840. Même après les évènemens d’Orient, le budget de la marine portait cette déclaration affligeante : « Les 2,621,000 fr. qu’on propose d’affecter, en 1841, aux constructions navales ne seront appliqués, quant aux vaisseaux et aux frégates, que pour la somme de 343,000 francs, avec lesquels on