Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 28.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
343
LA FLOTTE FRANÇAISE.

terdit, il convient de pourvoir à notre sécurité et au soin de notre indépendance. C’est là le mérite et le but d’un armement naval constamment exercé, toujours sur la défensive. En égalisant les chances de la guerre, il la prévient, il l’empêche : on ne s’attaque pas légèrement à ceux qu’on n’a pas l’espoir de surprendre. Cette flotte permanente est en outre une école ouverte à l’instruction maritime, et le recrutement, sagement étendu, pourrait y amener des sujets nombreux de toutes les parties de la France. Le service de mer se populariserait ainsi en se mettant en contact avec un rayon plus vaste, et le côté attrayant des épisodes dont il est semé lui ferait bientôt une place dans les veillées du soir et au foyer des chaumières.

Maintenons nos armemens, on ne saurait trop le redire : ils ne sont que ce que comporte l’état de paix, ce que, depuis vingt-cinq ans, ils auraient dû être ; ils ne doivent troubler que les mauvaises consciences. La mer tend à devenir le siége d’évènemens chaque jour plus décisifs : on ne peut, sans déshonneur, déserter ce théâtre, et la politique commande d’y prendre une position, sinon menaçante, du moins respectée. Tous les partis ont compris combien cette question engage l’avenir ; notre flotte a eu en sa faveur cette unanimité qui se rencontre si rarement. On assure aussi que l’amiral chargé du département de la marine a défendu son arme avec une grande chaleur de conviction, et que le maintien du système actuel devra beaucoup à ses efforts. C’est là un titre nouveau pour le marin dont les débuts furent si brillans, et ce succès, s’il parvient à le rendre complet et définitif, lui sera compté un jour à l’égal de sa plus belle campagne dans les mers des Indes.


Louis Reybaud.