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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/782

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REVUE DES DEUX MONDES.

Leipzig. Elle devrait aussi être plus soucieuse du bon marché, c’est par là qu’elle mettra fin à la contrefaçon. Parmi les maisons de librairie de Leipzig on cite celle de MM. Brockhaus, qui est montée sur une échelle gigantesque.

La Saxe a une constitution parlementaire, mais les chambres ne se réunissent que tous les trois ans. C’est assez pour un petit pays ; ce serait peut-être suffisant pour de plus grands. Elle a pour premier ministre un astronome, M. de Lindenau, que l’habitude d’observer les mouvemens réguliers des vastes corps parsemés dans les cieux, n’empêche pas de voir clair dans les évènemens agités et sans règle des petits êtres dont se compose la gent humaine.

Malgré la supériorité industrielle de la Saxe, l’ouvrier des manufactures saxonnes est très pauvre. La prééminence de la Saxe sur les marchés lointains s’achète en partie aux dépens du travailleur. Dans les districts montagneux où sont la plupart des manufactures, les salaires sont extrêmement modiques. Cette population porte sa pauvreté avec un courage héroïque ; elle lutte avec une énergique patience contre la modicité de sa rétribution, et, à force de soin et d’ingénieuse activité, elle arrive à se donner quelques-uns des dehors de l’aisance ; elle est propre et proprement logée ; elle a, tout comme le monde élégant de nos capitales, des plaisirs intellectuels qu’elle savoure naïvement sans jamais s’en lasser, celui de la musique et celui de la lecture, car en ce pays tous savent lire. Mais, matériellement, elle est réduite à la plus chétive nourriture, elle vit de pommes de terre bouillies.

La Saxe a aussi donné un bel exemple en matière de chemins de fer. De part en part elle est traversée par une ligne qui, de Dresde, va à Magdebourg par Leipzig. C’est une longueur d’environ 230 kilomètres. Un chemin de fer, à peu près achevé en ce moment entre Berlin et Kœthen, rattache cette artère saxonne à Berlin[1]. On procède activement à l’exécution de celui de Leipzig à Hof, qui va dans la direction de Nuremberg. Il est question de prolonger l’artère de Magdebourg à Dresde, le long de l’Elbe inférieur jusqu’à Hambourg, et le long de l’Elbe supérieur et de son affluent jusqu’à Prague en Bohême[2]. Enfin, parmi les grandes lignes projetées

  1. Il est terminé aujourd’hui.
  2. Il y a peu de semaines, à la fin de décembre 1841, le gouvernement autrichien s’est chargé d’établir à ses frais le chemin de fer de Vienne à Dresde, et celui de Vienne à Trieste. Ainsi va être opérée la jonction de la Méditerranée à la mer du Nord entre Trieste et Hambourg. Quelle faute commettrait la France si elle n’établissait