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Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 30.djvu/487

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 avril 1842.


La mort inattendue de M. Humann est venue surprendre le ministère, comme un coup de vent dans le calme, près du port ; elle a failli un instant déranger les combinaisons de sa politique expectante et dilatoire. En perdant M. Humann, le cabinet n’avait pas seulement à regretter un collègue justement considéré, un esprit ferme, un financier habile, qui, sans avoir toutes les qualités de l’homme d’état, en possédait les plus essentielles et les moins communes, entre autres l’élévation des vues et le courage de ses opinions ; le cabinet avait aussi à déplorer la nécessité où il se trouvait de prendre sur le coup une décision importante, une décision qui n’allait à rien moins qu’à opter entre deux politiques. C’est là ce qu’il a fait, c’est là ce qu’il a cru devoir faire dans l’espace de quelques heures, le corps de M. Humann n’étant pas encore refroidi. Évidemment on était convaincu qu’il y avait péril dans la demeure : on craignait que la politique ne parvînt à élargir la brèche que la mort avait faite ; on ne se sentait la force et le courage de défendre la place qu’en la fermant hermétiquement et au plus vite.

Nul ne blâmera le choix qui a été fait. M. Lacave-Laplagne est un homme des plus honorables ; il a fait ses preuves dans l’administration des finances ; c’est un député des plus considérés dans la chambre, un des hommes sur lesquels les regards se portent tout naturellement lorsqu’on cherche un ministre des finances.

Il n’est pas moins vrai qu’en acceptant la coopération du ministre des finances du 15 avril, de l’ancien collègue de M. Martin du Nord, le cabinet a fait un acte plus important et plus décisif qu’à lui ne paraissait appartenir. Ce n’est pas seulement une nomination de ministre, c’est une profession de foi faite en pleine chambre, à la veille de votes importans et à la veille des élections. Nous ne blâmons point ; au contraire, nous applaudissons fort à