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son ; l’Italie et l’Espagne, pour une portion des huiles d’olive. Ces divers articles, en dehors des quantités que la France produit, représentent dans les importations annuelles de la Belgique environ 9 millions de francs.

Les Belges importent en tissus de laine une valeur de 16 millions de francs ; l’Angleterre en fournit pour 10 millions, et la France pour 4 millions et demi. Qui doute que nos tissus légers et nos draps de fantaisie, qui se vendent couramment sur le marché de Londres, supplantent les tissus anglais en Belgique dès qu’ils y seront affranchis des droits d’entrée ? Les fabricans de Reims, dans une lettre qu’ils viennent d’adresser à M. le ministre du commerce, s’expliquent sur ce point avec une franchise à laquelle leur position personnelle donne une grande autorité. « La concurrence de Verviers, dont on s’effraie si fort, disent-ils, trouverait une large et suffisante compensation dans l’écoulement en Belgique des produits variés de chacune de nos fabriques, notamment de nos articles de modes et de nouveautés, auxquels le goût français imprime des formes si diverses et si séduisantes. Ainsi, Reims pour ses napolitaines, ses mérinos, ses flanelles, Saint-Quentin pour ses mousselines, Amiens pour ses escots et ses tamises, Roubaix et Turcoing pour leurs stoffs, leurs lastings et leurs façonnés, Sedan pour sa draperie fine et ses nouveautés en satin, Elbeuf pour ses nouveautés en tout genre, toutes ces villes verraient s’ouvrir ou s’étendre pour elles le marché belge.

L’importation des tissus de soie français en Belgique est d’environ 4 millions et demi. L’Angleterre et la Prusse en importent pour 2 millions. Les Belges ne fabriquent pas de soieries ou les fabriquent mal. Nous avons l’avantage de produire la matière première ; notre habileté dans la mise en œuvre est incontestable ; rien n’empêche donc que le marché belge tout entier ne relève à l’avenir de nos manufactures, et la consommation des soieries ne saurait être en Belgique de moins de 10 millions.

Les modes, les habillemens, la mercerie, la bijouterie, les bronzes, les papiers de tenture, les marchandises en un mot qui sont comprises sous la dénomination générique d’articles de Paris, ne figurent dans les importations belges que pour une somme d’environ 5 millions, dont les quatre cinquièmes sont fournis par la France. La Belgique reçoit donc une bien faible partie des exportations de l’industrie parisienne, qui ne s’élèvent pas en moyenne à moins de 120 millions. La suppression de la ligne de douanes, combinée avec l’ouverture des chemins de fer internationaux, doit accroître la clientelle de Paris en Belgique. Il en sera désormais des villes belges ce qui en est des villes françaises dont les marchands viennent s’approvisionner directement dans notre capitale, et, voulant juger par eux-mêmes de la nouveauté, du goût, de la beauté des produits, n’attendent pas qu’un commis-voyageur les sollicite, ses échantillons à la main.

Les vins donnent lieu à un commerce très variable entre la France et la Belgique. L’importation était de 7 millions et demi en 1838, de 3 millions et demi en 1839, de 4 millions en 1840, et de 5,670,429 francs en 1841. Si elle a pu s’élever à 7,500,000 fr. en 1838, on ne voit pas pourquoi, les échanges