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TRAVAIL DES ENFANS DANS LES MINES.

du culte de cette église par les enfans qui les fréquentent. En 1835, il y en avait 5,559, suivies par 516,000 écoliers. La British and Foreign School Society fut fondée en 1810 par M. Lancaster pour répandre l’éducation dans les classes ouvrières, sans acception de secte religieuse. Cette société a aussi un très grand nombre d’écoles. En somme, en Angleterre et dans la principauté de Galles, il y avait, en 1833, 35,986 écoles quotidiennes (daily schools), fréquentées par 1,276,000 écoliers, et 16,828 écoles du dimanche (sunday schools), où 1,548,000 individus, adultes ou enfans, recevaient les premiers élémens de l’instruction. La plupart de ces écoles du dimanche, institution populaire dont l’idée fut conçue par un imprimeur de Glocester, sont entretenues par des associations particulières. On y apprend à lire et à écrire, et on y enseigne les principes et les devoirs de la religion. Parmi les établissemens de ce genre, un des plus remarquables, assurément, est l’école de Stockport : elle est fréquentée par plus de 4,000 enfans, divisés en plusieurs classes et répandus dans une quarantaine de salles, où ils reçoivent les leçons de 400 répétiteurs qui donnent chacun leurs soins à 10 ou 12 élèves[1].

Il s’en faut de beaucoup néanmoins que la partie de la loi qui exige que l’enfant reçoive une instruction élémentaire soit universellement et rigoureusement appliquée, et ait produit les effets que l’on se proposait. Il y a d’abord des districts manufacturiers où il n’existe point d’écoles. Nous lisons dans les comptes-rendus des inspecteurs pour les six premiers mois de cette année[2] que dans un de ces districts, qui compte une population de plus de 50,000 ames, il n’y a qu’une seule école, une école catholique romaine. Dans les manufactures qui sont à la portée des écoles, la loi veut que tous les lundis l’enfant reçoive du maître un certificat qui constate qu’il a assisté aux cours tous les jours de la semaine précédente et deux jours d’avance. Il paraît seulement que les parens ou les chefs d’industrie n’ont pas de peine à obtenir ces attestations de la complaisance du maître. Il y a même un assez grand nombre de manufactures dans lesquelles les chefs ont établi et entretiennent des écoles à leurs frais ; mais là, pour être plus exactement observée dans les formalités qu’elle prescrit, on conçoit que la loi n’est que plus facile à éluder dans son esprit. Le chef d’industrie ne met le plus souvent à la tête de son école qu’un de ses ouvriers, et, sans parler même de la valeur de l’instruction qui peut y être donnée, on devine que les transgressions de la loi ne doivent pas être sévèrement relevées par un instituteur qui est à la solde du fabricant.

D’ailleurs, si l’on examine avec attention la loi anglaise dans les détails, on y aperçoit des imperfections qui, dans un grand nombre de cas, en rendent l’application ou impossible ou insuffisante. La plus grave sans doute est celle

  1. Andrew Ure, Philosophy of Manufactures, part. III. State of instruction in the factories.
  2. First Report of the inspectors of factories for the year 1842, report of M. Howell.