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tenir. Le général répondit que, dans sa conviction, l’envoyé ne devait pas perdre de temps pour négocier. Sa lettre fut contresignée par trois de ses officiers. Le 11 décembre, l’envoyé sortit avec les capitaines Lawrence, Mackenzie et Trevor, et eut une conférence en plaine avec les principaux chefs de tribus. Il leur fit une longue allocution, parla des anciens temps, et de l’amitié qui avait autrefois uni les chefs aux Anglais. Le gouvernement de l’Inde n’avait voulu que le bonheur des Afghans en rétablissant sur le trône de ses ancêtres un prince que le peuple avait toujours aimé ; mais puisque les sentimens de la nation étaient changés, le gouvernement anglais ne voulait pas entreprendre de les contraindre, et il était prêt à entrer en négociations.

Mahomed-Akbar et Osman-Khan, les deux principaux chefs, exprimèrent leur assentiment, et alors l’envoyé demanda la permission de lire un papier contenant le projet de traité. Les conditions générales étaient : que les Anglais évacueraient l’Afghanistan, y compris Caboul, Candahar, Ghizni et Jellalabad, et toutes les autres stations ; que non-seulement ils retourneraient en sûreté dans l’Inde, mais que de plus des vivres leur seraient fournis sur toute la route ; que l’émir Dost-Mohamed, père de Mahomed-Akbar, sa famille et tous les Afghans prisonniers, seraient rendus à la liberté ; que Shah-Soudja, avec sa famille, aurait la faculté de rester à Caboul ou de retourner dans l’Inde avec les Anglais, et que le gouvernement afghan, dans tous les cas, lui ferait une pension annuelle d’un lac de roupies ; qu’une amnistie serait accordée à tous les indigènes qui avaient embrassé le parti des Anglais ; que tous les prisonniers seraient relâchés ; que jamais les forces anglaises ne rentreraient dans l’Afghanistan, à moins qu’elles n’y fussent appelées par le gouvernement afghan avec lequel la nation anglaise établirait une amitié perpétuelle. Ces conditions furent acceptées par tous les chefs, à l’exception de Mahomed-Akbar, qui s’opposait surtout à l’amnistie, et qui refusait de fournir des vivres aux Anglais avant qu’ils eussent évacué leur camp ; mais il se trouva en minorité dans le conseil, et les chefs, en acceptant les termes proposés, emmenèrent comme otage le capitaine Trevor.

Pendant cette entrevue, on avait dans le camp les plus vives inquiétudes sur la sûreté de l’envoyé. Il n’avait avec lui qu’une escorte très faible, et on pouvait voir des corps nombreux d’Afghans répandus dans la plaine, et que leurs chefs avaient évidemment beaucoup de peine à retenir. Mais l’heure n’était pas encore venue.