Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



SIMPLES ESSAIS


D’HISTOIRE LITTÉRAIRE.

III.
LE FEUILLETON. — LETTRES PARISIENNES.[1]

Je ne sais pas, pour ma part, de lecture aussi piquante et où l’esprit s’oublie plus volontiers et avec plus de charme qu’à celle des mémoires et des correspondances. L’ame humaine surprise sur le fait quand l’auteur parle de lui-même, le monde saisi dans son déshabillé quand l’auteur parle des autres, il y a là, si je ne me trompe, le double à peu près de ce qu’il faut à un livre pour réussir auprès des lecteurs délicats. C’est bien moins aux pièces officielles et aux procès-verbaux authentiques qu’aux lettres datées des Rochers et de Ferney, que j’irais demander la vive peinture, le tableau en relief de la société des deux derniers siècles, de ce monde achevé où, à travers les changemens de l’opinion, s’est discipliné l’esprit français, c’est-à-dire cette exquise alliance du sentiment, de l’imagination et du bon sens que rien n’a dépassée, et qui, pour l’Europe, demeure le modèle de la perfection.

  1. Un vol. in-18, bibliothèque Charpentier.