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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 septembre 1843.


Athènes a été le théâtre d’une révolution qui paraît s’être accomplie dans quelques heures, et qui n’a laissé aucune trace sanglante de son rapide passage. C’est une pétition que les Grecs ont présentée au roi Othon d’une façon quelque peu péremptoire ; le roi a formellement promis une constitution ; un nouveau ministère a été nommé ; les Grecs ont battu des mains, et chacun est rentré dans ses foyers.

Il paraît que la manifestation ou coup de main qui se préparait n’était un secret pour personne, que la conspiration se formait sur la place publique, que toutes les opinions, que tous les partis y jouaient un rôle, que le roi seul ne connaissait pas, ne répétait pas le drame dont il devait cependant être un des acteurs principaux. C’est ainsi en effet que les choses se passent lorsque le pouvoir s’emprisonne, pour ainsi dire, dans une idée qui lui est entièrement personnelle ; il n’a plus ni yeux ni oreilles pour tout ce qui est en dehors de lui-même ; il ne voit plus le pays. Si ce pouvoir est en même temps faible et désarmé, il n’ouvre les yeux que pour signer les lois qu’une révolution lui impose.

Nous ne savons pas si les Grecs sont suffisamment préparés au régime constitutionnel, à la monarchie représentative, à ce gouvernement qui est essentiellement un gouvernement d’agitations, de débats, de balancement et de transactions. Le peuple grec trouvera-t-il en lui-même assez d’élémens d’ordre et de stabilité pour renfermer dans de justes limites les mouvemens d’une politique nécessairement vive et irritante ? Il est permis d’en douter. On peut craindre ces habitudes encore récentes de dissimulation et de révolte, d’audace et de servilité, qu’avaient dû faire naître le long despotisme des Turcs et les intrigues du Phanar. Ajoutons la puissance de l’esprit municipal,