Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/456

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
450
REVUE DES DEUX MONDES.

débuts, l’auteur de la Couronne des Morts, M. Zedlitz, vient de montrer aussi que son talent a décliné et mal répondu aux espérances premières. On ne peut reprocher à l’auteur de s’être attaqué à des sujets trop élevés : ce n’est ni un poème philosophique ni un drame emprunté aux pages les plus vivantes de l’histoire que M. Zedlitz nous donne ; c’est simplement une histoire de bonne femme. On voit cependant qu’il attache une grande importance à son œuvre, et les proportions étendues, les allures quelquefois épiques du récit, le soin qu’il a apporté au style, tout dit assez que le poète ne refuse pas d’être jugé sur son conte de fée. La fable, on va le voir, est bien peu de chose. Un enfant vient de naître dans une forêt, sa mère est morte en lui donnant le jour ; une fée arrive qui recueille la pauvre petite créature et la transporte dans un château merveilleux, au milieu des prairies embaumées et des clairières des bois. Son nom sera Waldfraülein, la demoiselle de la forêt. La blonde enfant grandit ; elle devient une belle jeune fille. Voilà son cœur qui s’ouvre au printemps, comme ces fleurs délicates qu’elle voit partout sous ses pas ; elle chante, elle pleure, je ne sais quoi d’inquiet s’agite en elle, un amour inconnu frémit dans son ame. Encore un an, lui dit la fée, et tu seras mariée au plus beau des chevaliers. Bientôt, sous les ombrages de la forêt, Waldfraülein rencontre un beau chasseur, noble, brillant, le seigneur de Mospelbrunn ; elle le reconnaît, c’est le fiancé de ses rêves. À peine sont-ils tombés dans les bras l’un de l’autre, que la fée courroucée paraît. La jeune fille éperdue s’enfuit, et son amant la rappelle en vain. Elle court vers le château, mais elle ne peut le retrouver ; le palais, les jardins, tout a disparu ; c’est là sa punition, et sa bonne fée l’abandonne. Que faire ? Waldfraülein, après avoir erré le jour et la nuit, épuisée de fatigue et de faim, entre au service de la vieille charbonnière Nothburga, et le charbonnier Caprus la veut prendre pour femme. Cependant le jeune seigneur de Mospelbrunn cherche partout sa fiancée, celle qui lui est apparue un instant pareille à une créature céleste, et qui s’est enfuie comme un songe. Enfin, après de longues recherches et de longues aventures, les deux amans se retrouvent, et les hirondelles viennent chanter sur leur toit. Il n’y a pas, comme on voit, beaucoup d’imagination dans cette histoire, et il est clair que l’auteur n’a désiré qu’un cadre pour mille petits détails de description. La poésie de M. Zedlitz n’est pas autre chose en effet. Jamais la muse, en Allemagne, n’est résignée ainsi à se priver des idées ; il semble qu’elle veuille faire pénitence pour en avoir abusé peut-être