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de 23 pour cent. Dans le même intervalle, la population de Marseille s’augmentait de 32 pour cent ; celle de Lille, de 33 pour cent ; celle de Toulouse, de 54 pour cent ; celle de Lyon, de 37 pour cent ; celle du Havre, de 60 pour cent ; celle de Paris, de 66 pour 100 ; celle de Reims, de 90 pour cent ; celle de Saint-Quentin, de 100 pour cent, et celle de Saint-Étienne, de 150 pour cent. En Angleterre l’accroissement général de la population, de 1811 à 1831, a été de 36 pour cent. Dans cet espace de vingt années les populations rurales n’ont gagné que 30 pour cent, tandis que les populations urbaines prises ensemble, gagnaient 53 pour cent. Mais le progrès frappera bien davantage, si l’on borne cette comparaison aux principales cités ; en effet, il est à Londres de 42 pour cent ; à Édimbourg et à Newcastle, de 60 pour cent ; à Bristol, de 65 pour cent ; à Sheffield, de 70 pour cent ; à Birmingham, de 72 pour cent ; à Liverpool, de 75 pour cent ; à Glasgow, de 95 pour cent, et à Manchester, de 150 pour cent.

Parmi tous ces phénomènes, l’état actuel du comté de Lancastre est sans contredit le plus digne d’attention. En 1801, la population de ce district était de 672,565 ames ; le recensement de 1841 a constaté l’existence de 1,667,064 habitans. M. H. Ashworth[1] fait remarquer que, si le mouvement de la population dans le Lancashire avait été le même que dans le reste du royaume, ce district n’aurait compté en 1841 que 1,125,924 habitans, et il en conclut que les 531,130 personnes qui forment l’excédant ont dû émigrer des districts agricoles vers les centres commerciaux et manufacturiers pendant les quarante dernières années. On reconnaîtra que le contingent fourni par l’émigration à ce gigantesque accroissement a dû être bien plus considérable, si l’on réfléchit que les agrégations urbaines n’ont pas une force de reproduction égale à celle des districts ruraux, et que la population des villes, livrée à elle-même, grandit avec moins de rapidité.

Le Lancashire et généralement les comtés manufacturiers ont donc ouvert une issue, un refuge à la surabondance de la population. Au lieu de se répandre au dehors, comme dans le XVIe et le XVIIe siècle, les habitans de la Grande-Bretagne ont fondé ainsi à l’intérieur ces magnifiques colonies de la laine et du coton, où tant de bras oisifs ont trouvé du travail, et tant de capitaux de l’emploi. Le Lancashire a été véritablement, comme le disait récemment le Times, la maison de

  1. Past and present state of Lancashire.