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s’accumulent à l’autre bout. Le West-End et le East-End, l’empire est là tout entier.

Il faut donc peu s’étonner si dans les améliorations successives qu’a reçues la métropole de la Grande-Bretagne, la meilleure part a été réservée aux deux extrémités. Rien n’égale la magnificence ni la bonne disposition des bassins qui ont été creusés à l’est, le long de la Tamise, pour recevoir les navires de commerce, et pour en laisser ainsi le chenal libre à la navigation. Les docks de Sainte-Catherine, de Londres, des Indes occidentales et de l’Inde orientale, ont coûté plus de 200 millions de francs ; mais ces établissemens procurent au commerce une économie annuelle qui ne saurait être évaluée à moins de 40 ou 50 millions. Les marchandises les plus communes comme les plus précieuses y sont gardées sous clé, à l’abri du gaspillage et de toute détérioration. Quand les magnifiques seigneurs de la Cité ont envie de passer l’inspection de leurs sucres ou de leurs cafés, un chemin de fer suspendu sur arcades les conduit en quelques minutes des environs de la Banque à Blackwall. Pour la communication d’une rive avec l’autre, un pont n’étant pas compatible avec les besoins de la navigation, une compagnie aussi admirable dans sa persévérance que l’ingénieur dans ses conceptions a fait passer sous le lit de la Tamise un vaste souterrain qui résiste à la pression et au mouvement des eaux.

Mais c’est particulièrement à l’ouest de Londres et dans les quartiers destinés aux habitations des classes supérieures, que le progrès se fait remarquer. Il n’y a pas de ville où l’on ait pris plus de soin de la vie du riche, et où l’on ait donné plus d’attention à ses moindres fantaisies. Les grandes réunions d’hommes engendrent presque toujours des miasmes pestilentiels qui affaiblissent l’organisation et qui en abrègent la durée. Afin de mettre les riches à l’abri de ce danger dans le West-End, on a imaginé de mêler la campagne à Londres, les jardins, les parcs et les champs aux maisons. Quatre parcs immenses, une ligne continue de verdure, d’ombrages et d’eaux vives, forment la base de cette ville privilégiée. C’est là que se fabrique et que se renouvelle l’air respirable qui dispute l’espace aux exhalaisons méphitiques des quartiers plébéiens. Ce sont, comme on l’a si bien dit, les poumons de Londres ; imaginez la végétation de Saint-Cloud et de Neuilly au milieu de Paris.

Autour des parcs sont groupées les maisons, les rues et les places, qui se rapprochent ainsi de l’air pur aussi naturellement que cer-