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DE LA QUESTION COMMERCIALE EN ANGLETERRE.

des secondes est plutôt de fournir des alimens nouveaux et illimités aux capitaux et aux travailleurs, dont la concurrence en Angleterre produit de si grands désordres. Quant aux tarifs, M. Gladstone propose une altération immédiate, le rappel des droits sur tous les produits étrangers employés comme matériaux ou comme instrumens dans les divers degrés de la reproduction, et une modification conditionnelle en perspective, conçue de manière à inviter les pays étrangers à adopter le principe de la liberté réciproque du commerce. Les mesures coloniales indiquées par le président du bureau du commerce sont les plus importantes. Il s’agirait de placer le commerce entre le royaume-uni et ses dépendances extérieures, comme entre chacune de ces dépendances et toutes les autres, sur le pied du commerce intérieur, c’est-à-dire de supprimer tous les droits prélevés par l’Angleterre sur les produits de ses colonies, et de réaliser entre toutes les parties du vaste empire britannique une complète unité commerciale. M. Gladstone veut aussi que le gouvernement prenne de larges dispositions pour agrandir le développement colonial de l’Angleterre et faciliter le transport des capitaux et des travailleurs du royaume-uni sur les terres inoccupées des plus lointains domaines de la couronne britannique.

Je n’insisterai pas plus que M. Gladstone sur les remaniemens de tarifs : l’effet en est certain ; relativement aux modifications conditionnelles proposées aux contrées étrangères, afin d’amortir leur rivalité manufacturière en les invitant à faire des concessions aux produits anglais, j’observe que M. Gladstone se tait sur les traités de commerce dont sir Robert Peel parlait encore l’année dernière avec tant de confiance, et dont il a bien fallu se résigner à voir la conclusion indéfiniment ajournée. Le gouvernement anglais n’a pas plus de motifs de compter sur des réductions de tarifs importantes pour ses intérêts, de la part des nations qui sont en rivalité avec son industrie. Il est plutôt menacé sur plusieurs points d’une tendance inverse, et, par exemple, le congrès du Zollverein tenu à Berlin durant l’automne de l’année dernière ne doit pas lui avoir inspiré à cet égard de médiocres inquiétudes. L’esprit qui a régné dans cette assemblée lui présage en effet une prochaine et considérable augmentation de droits sur des articles pour lesquels le tarif de l’union des douanes avait été libéral jusqu’à ce jour, les cotons filés et les fers.

La mesure la plus efficace pour neutraliser les causes permanentes des embarras de l’Angleterre paraît être à M. Gladstone l’établissement d’une liberté commerciale aussi complète entre toutes les parties de