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SOUVENIRS
D’UN NATURALISTE.

L’ÎLE DE BRÉHAT. — LE PHARE DES HÉHAUX.

En quittant, il y a deux ans, l’archipel de Chausey et le port de Saint-Malo[1], je m’étais bien promis de revenir tôt ou tard sur les côtes de Bretagne. Quatre mois de recherches et d’études avaient pu me faire connaître, il est vrai, la richesse zoologique de ces plages sablonneuses, de ces criques protégées par leurs promontoires de granite ; mais constater l’existence d’êtres nouveaux, décrire leurs formes plus ou moins bizarres, surprendre même chez eux les habitudes les plus inattendues, ne suffit pas à la zoologie moderne. Plus exigeante que par le passé, cette science demande que le naturaliste porte la pince et le scalpel dans les profondeurs de l’organisme ; elle veut qu’armé du microscope, il aille saisir jusque dans l’intimité des tissus les premières manifestations de cette force inconnue et pourtant réelle que nous appelons la vie, et l’étude approfondie du moindre animal entraîne de longues journées de travail. Aussi dans ma première excur-

  1. Voyez dans la livraison du 1er mai 1842, l’Archipel de Chausey.