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ARSÈNE GUILLOT.

Σὲ Πάρις καὶ Ποῖβος Ἀπόλλων,
ἐόντ’, ὀλέωσιν ἐνὶ Σκαιῇσι πύλησιν
(Hom. II, XXII, 360.)

La dernière messe venait de finir à Saint-Roch, et le bedeau faisait sa ronde pour fermer les chapelles désertes. Il allait tirer la grille d’un de ces sanctuaires aristocratiques où quelques dévotes achètent la permission de prier Dieu, distinguées du reste des fidèles, lorsqu’il remarqua qu’une femme y demeurait encore, absorbée dans la méditation, comme il semblait, la tête baissée sur le dossier de sa chaise. « C’est Mme de Piennes, » se dit-il en s’arrêtant à l’entrée de la chapelle. Mme de Piennes était bien connue du bedeau. À cette époque, une femme du monde jeune, riche, jolie, qui rendait le pain bénit, qui donnait des nappes d’autel, qui faisait de grandes aumônes par l’entremise de son curé, avait quelque mérite à être dévote, lorsqu’elle n’avait pas pour mari un employé du gouvernement, qu’elle n’était point attachée à Mme la dauphine, et qu’elle n’avait rien à gagner, sinon son salut, à fréquenter les églises. Telle était Mme de Piennes. Le bedeau avait bien envie d’aller dîner, car les gens de cette sorte dînent à une heure, mais il n’osa troubler le pieux recueillement d’une personne aussi considérée dans la paroisse Saint-Roch. Il s’éloigna donc, faisant résonner sur les dalles ses souliers éculés,