Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 7.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
REVUE DES DEUX MONDES.

charme de la vie du monde, elle joignait les qualités du cœur qui donnent dans la famille un bonheur de tous les instans. Des soins affectueux, le culte des lettres, se sont partagé cette vie consacrée à soulager une illustre souffrance. Nos lecteurs n’ont pas oublié sans doute les fragmens que Mme Thierry a donnés dans cette Revue, et qui ont été réimprimés plus tard sous le titre de : Scènes de mœurs au dix-huitième et au dix-neuvième siècle. On remarque dans ces récits un sentiment profond de la vie réelle, une grande finesse d’observation, des qualités de style bien rares à notre époque. Les écrits de Mme Thierry furent accueillis comme ils devaient l’être par tous ceux qui sont restés fidèles aux saines traditions littéraires. La mort de cette femme distinguée laisse M. Augustin Thierry isolé désormais au milieu de ses souffrances et de ses travaux, qu’il a repris avec une courageuse résignation. On parle même d’un nouvel ouvrage qui serait près d’être terminé. Nous aimons à voir l’éloquent historien chercher ainsi dans l’étude un noble refuge contre la douleur.


LES PUISSANCES NAVALES DU SECOND ORDRE
vis-à-vis de l’Angleterre et de la France

L’émotion produite en Europe par la Note sur l’état des forces navales de la France n’est pas apaisée encore. C’est notre opinion maintenant qui est devenue le point de mire des commentaires de la presse étrangère. Parce qu’une circonstance heureuse nous a permis de porter les premiers à la connaissance du public la Note de M. le prince de Joinville ; on ne veut pas voir dans nos parole l’expression spontanée d’un sentiment personnel ; l’éloge et le blâme remontent plus haut, comme si l’accord de nos idées avec celles qu’a développées le jeune contre-amiral n’existait pas depuis long-temps, ce que prouve, de reste, le travail qui a paru dans ce recueil, en 1841, sur l’avenir de la marine à vapeur. C’est sous l’empire de préventions pareilles que le Journal de La Haye vient de discuter notre réponse aux contradicteurs de la Note. S’il s’en était tenu à une simple réfutation, nous ne nous y arrêterions point ; mais il a saisi ce prétexte pour publier une sotte de manifeste auquel sa position d’organe semi-officiel du gouvernement néerlandais[1] donne une certaine portée : la question qu’il a soulevée est trop grave pour que nous n’essayions pas au moins de l’éclaircir.

  1. Nous n’avançons point ce fait à la légère. Le gouvernement des Pays-Bas se sert de ce journal pour expliquer ses actes et sa politique au reste de l’Europe par le canal d’une langue bien plus répandue que le hollandais. Tel était le rôle de l’ancienne Gazette de Leyde au XVIIIe siècle ; Les enquêtes des états-généraux sur l’emploi des fonds secrets ont fait connaître le chiffre de la subvention que reçoit le Journal de La Haye.