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déchaîne sans relâche contre M. Tyler et M. Calhoun. Nous n’avons point à nous occuper de cette polémique passionnée ; nous signale non-seulement, à cause de leur importance, deux articles du Times, l’un du 15, l’autre du 20 mai. Le premier de ces articles, publié le jour même où la nouvelle arriva, n’est qu’une véhémente philippique contre les institutions, la politique et le gouvernement des États-Unis : il est impossible d’être plus amer et plus insultant ; le second, sans être écrit d’un ton beaucoup plus modéré, fait l’historique de la question et la discute : il contient sans doute la pensée du gouvernement anglais. On conteste au Texas, d’après Wattel et Puffendorf, le droit d’aliéner son indépendance ; on lui conteste jusqu’à cette indépendance même, quoiqu’elle ait été reconnue par l’Angleterre ; enfin, une menace indirecte est faite au gouvernement des États-Unis. « Les Texiens ne sont pas libres, dit le Times, de renoncer à leurs droits de souveraineté sans faire réserve des engagemens qu’au nom de cette même souveraineté ils ont antérieurement contractés avec des états étrangers. Parmi les traités conclus jusqu’à présent par le Texas, il en est un qui peut mettre la question dans tout son jour : nous voulons dire le traité avec la Grande-Bretagne pour la suppression de la traite au moyen du droit mutuel de visite. Le Texas a fait solennellement toutes les concessions que les États-Unis sont encore fermement résolu à ne pas faire, et ces concessions, aussi bien que tous les autres engagemens du Texas envers de puissances étrangères, ne peuvent être détruites que du consentement de toutes les parties. Nous avons bien peur que, d’après les principes les plus incontestables du droit international, un traité par lequel tous les traités antérieurs sont d’un seul coup annulés, rompus, mis au néant, ne soit un casus belli suffisant. Après avoir commenté avec amertume les différens articles du traité, le Times termine ainsi : « Il est difficile de traiter avec gravité ou patience cette manifestation des basses et honteuses passions qui se trahissent ici des deux côtés ; mais, quels que puisent être les motifs du traité, et quelque probable qu’en soit le rejet, les questions qu’il a soulevées pour la première fois sont intimement liées avec la stabilité de l’Union américaine, la politique commerciale des États-Unis, et la paix du monde. »

Si l’on rapproche cet article de la déclaration faite par lord Aberdeen à M. Calhoun, que l’Angleterre emploierait tous ses efforts pour que le Mexique fît de l’abolition de l’esclavage la condition sine quâ non de la reconnaissance du Texas, on peut supposer que le ministre anglais à Mexico rendra impuissans les efforts du plénipotentiaire que M. Tyler