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pour le rédiger de précieux matériaux. Nous voulons parler du troisième livre de l’Histoire des sciences mathématiques en Italie, par M. Libri. Sur un fait particulier, M. Quinet cite une lettre de Galilée que M. Libri a publiée dans le Journal des Savans en 1841. Peut-être M. Quinet n’eût-il pas dû se contenter de ce renvoi ; en effet, c’est dans l’Histoire des sciences mathématiques en Italie que se trouve tracée dans les proportions les plus étendues et avec les justifications les plus intéressantes la biographie scientifique de Galilée. Ce savant morceau de M. Libri a dû être fort utile à M. Quinet[1]. Quand l’auteur de l’Ultramontanisme, en traitant de l’église romaine et de la philosophie, énonce et développe cette idée, que l’Italie a eu deux cents ans avant la France son XVIIIe siècle, il a encore l’avantage de se trouver sur les traces d’un autre de ses collègues, M. Philarète Chasles, qui, dans cette Revue, a tracé le plus piquant tableau de l’Italie philosophique du XVIe siècle[2]. Dans la rapidité de sa course, M. Quinet a négligé d’indiquer ce travail. Au milieu du chapitre où l’auteur de l’Ultramontanisme apprécie les relations de l’église romaine avec les peuples, il nous dit : « Croirait-on que l’inquisition est ce qui a conservé chez l’Espagne l’esprit de race ? Rien n’est plus certain… Pendant trois siècles, un bûcher national a conservé, en dépit de l’ultramontanisme, la nationalité de l’Espagne. » Ici M. Quinet semble s’étonner lui-même de la nouveauté hardie de sa pensée, et il oublie qu’il ne fait que répéter M. de Maistre, dont, pour abréger, nous ne citerons qu’une phrase : « Si la nation espagnole a conservé ses maximes, son unité, et cet esprit public qui l’a sauvée, elle le doit uniquement à l’inquisition[3]. » M. Quinet, qui cite M. de Maistre au sujet de choses fort connues, comme le fameux passage sur le bourreau, avait une occasion excellente, dans le chapitre qu’il intitule l’Inquisition, de discuter les Lettres du célèbre ultramontain.

Nous ne nous permettons ces observations de détails que pour faire comprendre les préoccupations qui assiégent M. Quinet. Il est trop pressé, trop agité, pour s’arrêter à des soins que prendraient d’autres écrivains. Il s’aperçoit quelquefois lui-même de son état, et il s’écrie quelque part : Mais quoi ! parlons tranquillement. Cette résolution est sage ; par malheur, l’auteur y est souvent infidèle. Quand il est en face de la papauté, son exaltation redouble, et à de justes censures il mêle les griefs les plus étranges. Ainsi M. Quinet fait un reproche

  1. Cette biographie de Galilée se trouve dans la Revue du 1er juillet 1841.
  2. Voir la livraison du 1er mars 1842.
  3. Lettres à un gentilhomme russe sur l’inquisition espagnole. Quatrième lettre, pages 97, 98.