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elles engageraient seulement le nombre d’hommes qu’elles peuvent nourrir, on ne semble pas, avoir d’autre souci que de les faire éclore par artifice, et de leur imprimer ensuite, à coups de tarifs, des fluctuations qui troublent leur économie et déclassent les travailleurs. C’est ainsi que l’activité du pays ne marche que par accès, tantôt frappée de langueur, tantôt animée d’une énergie fébrile. Ce régime funeste, dangereux, la science économique doit en poursuivre la condamnation : sa gloire sera de l’atténuer ou de l’abolir. M. Rossi a tracé le chemin avec une autorité, un éclat qui rendent la victoire désormais facile. Il ne s’agit plus que d’insister sur quelques grands principes à l’empire desquels le monde ne saurait plus long-temps se dérober, et de les faire pénétrer dans le domaine des faits, jusqu’ici rebelles à tous les efforts. Surtout plus de querelles dans le champ des idées abstraites ; rien qui puisse lasser l’attention, causer des vertiges à l’intelligence. L’économie politique ne doit plus livrer de combats hors du terrain des réalités. Adam Smith, qui était un grand esprit, a voulu en faire une science expérimentale ; c’est une malheureuse déviation que de lui donner des allures trop spéculatives.


Louis Reybaud.