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trop incomplets, trop défectueux, et trop de circonstances accessoires étaient omises pour qu’aucune induction réelle pût en sortir. Ce n’est pas que la balance du commerce n’existe pas, mais elle peut être plutôt sentie qu’appréciée avec exactitude. Il faudrait, pour l’obtenir, le concours d’un nombre d’explorateurs trop grand pour que l’on parvint jamais à en réunir les travaux, et de nombreuses modifications viennent altérer les chiffres que l’on recueille, quelle qu’en soit l’exactitude.

Ainsi, un commerce spécial entre deux peuples peut être fait pour le compte seulement de l’un des deux qui en recueille seul les avantages ou en supporte les pertes ; puis viennent les transports ou frets, les assurances, les droits à l’entrée et à la sortie, toutes choses qui composent une grande partie de la valeur des marchandises, et qui peuvent être acquises par l’un ou par l’autre des peuples commerçans. Enfin, le commerce de banque et les changes directs ou intermédiaires, les emprunts publics et les actions industrielles, altèrent à chaque instant les résultats par aperçu de la balance extérieure.

Le gouvernement du pays exerce une grande influence sur les résultats du travail et sur l’échange qui s’en fait : à l’extérieur, par les douanes, les prohibitions, les primes, les lois maritimes et les traités de commerce ; à l’intérieur, par les impôts de toute nature dont il ordonne la perception, par les voies de communication, les monopoles et les faveurs qu’il accorde. Son but est toujours de développer et d’exciter le travail ; mais les moyens auxquels il se rattache sont-ils toujours heureux ? C’est ce que l’exposition qui vient de se clore nous a engagé à examiner.

La France est venue, pendant deux mois, assister à l’exposition des principaux produits de l’industrie nationale. Les étrangers sont accourus de tous les pays pour prendre part à cette solennité, et joindre leurs acclamations à celles de nos concitoyens. La foule empressée a manifesté une admiration chaque jour plus vive. La saison la plus belle de l’année, un ciel presque constamment favorable, la fête au milieu du travail, l’éclat et le choix des objets présentés, tout a concouru à charmer et séduire les esprits les plus rebelles. Cependant, aujourd’hui que le bruit a succédé au silence, que ces richesses réunies sont de nouveau dispersées, l’entraînement peut faire place à la réflexion, et l’esprit, plus libre, est maître de se livrer à quelques considérations sur les avantages réels ou imaginaires que la répétition des expositions industrielles peut avoir pour le pays et pour les exposans.

Il y a déjà dix ans que, dans ce même recueil, et à l’occasion de