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par une considération politique, fait songer que la Chine a enfin consenti un traité avec une nation européenne, et l’on se dit que nous devons amener le céleste empire à une concession pareille. Un armement brillant emporte bientôt l’ambassadeur et sa suite et des délégués commerciaux, tous gens de mérite, charmés cependant d’avoir une longue traversée à faire pour acquérir dans le voyage quelque connaissance de ce qui se rattache à leur mission, et surtout des langues, même européennes, qui leur seront nécessaires, et que tous à peu près ignorent. La France reste les yeux fixés sur cette expédition, dont elle attend des renseignemens jusqu’ici inconnus, et cependant qu’y a-t-il à apprendre de la Chine que tout le commerce et même le ministère ne sachent parfaitement ? Si nos rapports avec les Chinois ont à se développer, ce sera par une consommation plus grande du thé, de quelques drogueries, de la porcelaine et des articles variés d’une industrie assez semblable à celle que nous nommons articles de Paris. Quant aux exportations, l’Angleterre nous paie chaque année une espèce de tribut pour renoncer au commerce immoral de l’opium ; ce qu’il y a de plus important ensuite se compose de coton filé, de calicot grande largeur, de draps d’une dimension appropriée et d’un prix modéré, de camelots, etc., toutes choses où notre infériorité est reconnue, parce qu’il ne s’agit plus d’articles de luxe, mais bien d’articles d’usage utile. Les Américains eux-mêmes savent tout cela, et tandis que nous délibérons sur les essais que nous voulons faire, la seule ville de Boston, aux États-Unis, a expédié, en 1843, pour les mers de l’Inde, de l’Orient et du Sud, soixante-six navires, dont seize à la seule destination de Canton et d’autres points de la Chine. Au reste, nous ne nous appesantirons pas sur cet incident dont le dénouement arrivera bientôt. L’expédition a encore d’autres missions qui peut-être nous dédommageront, celle entre autres, non de rapporter des soies de la Chine, mais bien d’apprendre les méthodes de culture pour les rapporter chez nous.

Pour régulariser le développement de l’industrie française, pour contribuer à la placer dans des voies de durée indépendantes, autant qu’il se pourra, des caprices et des variations de la mode, il faut le concours du gouvernement aussi bien que celui du commerce. Le commerçant doit, à ses risques et périls, rechercher les débouchés, interroger les besoins des peuples divers, reconnaître ceux qui ne sont pas satisfaits, et aviser aux moyens d’y pourvoir qu’offre notre industrie. La tâche du gouvernement est de suivre pas à pas le commerce dans ses explorations, de veiller sur lui au moyen de notre