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part une caisse bonne et charitable, une sorte de seconde mère, qui reçoit de la main de ses enfans-l’argent qu’ils ont de trop, et qui le leur restitue en temps utile ; allons-y ! » Et elle est venue.

Ce tableau statistique de 1843 indiquant la liste des professions, groupées par classes, est d’un grand intérêt ; il nous enseigne que plus l’on descend, en quelque sorte, vers les entrailles du peuple, et plus on voit augmenter le chiffre de la richesse confiée à la caisse d’épargne. Il n’y a, par exemple, qu’un fils de pair de France représenté par la somme de 50 fr., que 3 magistrats, 1 fils de vice-consul, 2 sous-chefs de division, tandis qu’il existe 846 ouvriers bottiers et cordonniers inscrits pour la somme de 134,499 fr. Dans la classe des artisans patentés et marchands, c’est également le petit commerce, qui donne les plus gros chiffres. Dans la grande division consacrée aux hommes et femmes de peine, et qui monte à plus de 2,500 individus, ayant déposé, dans l’année 1843, la somme énorme de 476,550 francs, on est surpris de voir figurer les journaliers proprement dits au nombre de 570, les cochers de voitures publiques pour 135, et (chose plus remarquable encore) les marchands ambulans pour 283, avec une somme de 62, 422 fr. L’économie est de toutes les professions ; celles connues sous le nom de libérales, c’est-à-dire prodigues, ne sont pas demeurées insensibles aux charmes un peu sévères de l’institution : 19 artistes sculpteurs, 41 artistes dramatiques, 110 peintres, 27 hommes de lettres ; 71 étudians en droit, ont fait déjà l’apprentissage de l’épargne et de la prévoyance. Ce tableau est une sorte de thermomètre qui sert à indiquer les degrés de la moralité dans les différens états ; c’est ainsi que la classe des écrivains publics, reconnue pour entrer dans la catégorie des classes dangereuses, inventée par M. Frégier, n’a donné à la caisse d’épargne qu’un seul individu inscrit pour la somme de 100 fr. Au chapitre des rentiers et enfans de rentiers, on lit, non sans intérêt, 14 orphelins et 19 orphelines. Parmi les domestiques, 334 portiers et 214 portières figurent, les uns pour la somme de 71,833 fr., et les autres pour celle de 43,256 fr. Dans le sexe féminin, les classes pauvres et laborieuses n’offrent pas des proportions moins imposantes : 1,399 couturières ont déposé dans l’année la somme de 212,696 fr. ; on n’ignore pas, d’ailleurs, tout ce que cette désignation générale renferme de nuances dans les états d’aiguille pour les femmes ; il faut encore y ajouter les professions plus ou moins équivoques, qui se cachent presque toutes, comme nous l’avons dit, sous ce voile emprunté. Les sages-femmes, qui sont, en général, très loin