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conseil éternel et immuable se cache derrière tous ces évènemens troublés que le hasard semble déployer çà et là avec une si prodigieuse incertitude. L’économie ne cesse de marcher à travers tous ces mouvemens et de réaliser à l’écart un bien-être individuel qui doit s’étendre et remonter un jour à toute la société. En favorisant jusqu’à cette heure l’égoïsme, l’élément du moi, les caisses d’épargne n’ont fait qu’obéir à une tendance nécessaire ; il fallait que l’intérêt particulier, toujours plus actif et plus insatiable de sa nature, entrât comme premier agent dans la création de la fortune publique. Cette direction ne nous semble ni complète ni durable ; les doctrines morales, qui impriment leur forme aux institutions, feront peu à peu refluer sur la masse les bienfaits de l’épargne, en les convertissant en crédit. En attendant, nous devons arrêter un regard plein de confiance sur une création d’hier qui, déjà imposante par sa prospérité et par ses services, cherche à améliorer la condition des classes nécessiteuses, non à l’aide de moyens violens que la société repousse, mais en exhortant le peuple à se montrer laborieux, économe, sobre et patient comme Dieu, parce qu’il est éternel.


ALPHONSE ESQUIROS