Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 7.djvu/870

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

se fera sans doute attendre ; la mesure est repoussée aussi bien par la population libre que par les riches propriétaires. Le gouvernement craindra d’exciter une guerre civile, et le district des Diamans restera soumis au droit du plus fort.

Le pays change entièrement d’aspect aussitôt qu’on s’est éloigné de Villa-do-Principe. Après avoir suivi quelque temps les bords ombragés d’un ruisseau, on entre dans un pays montagneux, où l’on est entouré de masses de rochers d’une pierre sablonneuse ; des groupes de cette pierre forment des collines isolées d’un aspect bizarre. La végétation se réduit à quelques chétifs palmiers, quelques mimosas, des plantes épineuses ; le sol est desséché et aride. Après deux heures de route au milieu de ces pierres, je descendis sur les bords du Viao, un des affluens du Jequitinonha. Malgré la largeur de la rivière, le lit était peu profond, et nos chevaux purent le traverser sans mouiller nos bagages. Je laissai, à l’est, San-Gonzales et Milho-Velho, anciens lavages de diamans aujourd’hui presque abandonnés, et je côtoyai les bords du Viao. Forcé bientôt de m’arrêter dans une hôtellerie, je fus frappé d’une misère et d’une saleté qui dépassaient ce que j’avais pu observer jusqu’à ce jour. Pouvais-je me douter que je venais d’entrer dans le district des Diamans, ce mystérieux berceau de la richesse du Brésil ?


II. - INTERIEUR DU PAYS. – VILLES MARITIMES. – AVENIR POLITIQUE
V – Les mines de diamans et les propriétaires brésiliens.

On raconte que les premiers diamans trouvés au Brésil, en 1729, furent envoyés en Portugal, puis en Hollande. La valeur de ces diamans fut bientôt comprise par les lapidaires hollandais. Ceux-ci passèrent un contrat avec le gouvernement portugais, qui s’engagea à leur livrer toutes les pierres trouvées dans le Serro-do-Frio. En 1772, le produit des mines de diamans retourna au Portugal, par suite de l’expiration du traité avec la Hollande. Le monopole exercé par le gouvernement s’est maintenu jusqu’à la révolution de 1831. À cette époque, les nègres chassèrent les intendans qui dirigeaient les travaux des lavages de diamans. Aujourd’hui, le district est exploité par des propriétaires d’esclaves, qui travaillent pour eux-mêmes dans des terrains nouveaux ou dans les anciennes exploitations du gouvernement.

Diamantina ou Tejucco, capitale du district, est situé à cinquante lieues d’Ouropreto, et cent vingt-cinq de Rio-Janeiro. Les caravanes mettent quarante-cinq et cinquante jours pour aller de Rio à Diamantina. La difficulté des voies de communication, au Brésil multiplie en