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retiré a produit plusieurs milliers de diamans. Souvent on lave deux fois le sable, et le second lavage rend encore une précieuse récolte. A la lavra du Mato, une des plus riches du district, l’exploitation consiste dans le lavage des terres de l’ancien lit du Jequitinonha, qui a été détourné depuis près d’un siècle. A Guinda, la couche de sable précieux est séparée de la surface du sol par la terre végétale, qui recouvre quelquefois une croûte rocailleuse, et souvent pour arriver au cascalho il n’y a d’autre moyen que de faire sauter les rochers. A Bromalinho, outre la couche de terre végétale, il faut traverser une couche d’argile épaisse de sept à huit pieds pour atteindre le cascalho. Les deux dernières lavras sont situées dans les campos, à environ deux lieues ouest de la ville. Les campos sont des plaines arides, à peine recouvertes d’une mousse légère. On ne peut travailler dans les lavras des campos que durant la saison des pluies. Le reste de l’année, le manque d’eau empêche de continuer les travaux.

Les moyens employés pour l’extraction des diamans n’ont guère changé depuis les premiers essais d’exploitation. Le prix de la main d’œuvre absorbant à peu près tous les bénéfices, les propriétaires de lavras ne peuvent espérer de faire fortune qu’à la condition de rencontrer des diamans de grande valeur. Pourtant, l’octave de trente-deux diamans se paie, à Tejucco, 400,000 reis (environ 1,200 francs) : je vis payer un seul diamant 1,800 francs. J’ai été étonné de la manière dont se font ces achats. Un nègre apporte des diamans, le négociant les examine, il se garderait bien de les peser ; il offre un prix : si ce prix est accepté, le nègre dépose les diamans ; dans le cas contraire, il va présenter aux autres négocians le produit de son travail. Souvent un diamant estimé par un négociant 1,000 fr. est payé 1,500 fr. par son voisin. Je disais à un riche Brésilien que le prix du diamant s’élevait chez nous dans une proportion réglée par le poids : il ne pouvait me comprendre, et me répondit qu’il achetait les diamans à la simple vue. Cette manière de procéder enlève toute régularité au commerce, et les acheteurs perdent souvent sur un marché, tandis qu’ils gagnent sur un autre.

Il y a dans la recherche du diamant, je l’ai dit, beaucoup de hasard. Pourtant les hommes qui s’occupent de cette exploitation prétendent reconnaître, à des signes certains, si le cascalho sera riche ou pauvre. La présence du pyrite de fer en fragmens, d’une certaine espèce de cailloux en forme de fèves noires, jaunes ou brunes, est un présage toujours accepté comme favorable. La formation des terrains qui contiennent les diamans varie sur chaque habitation, les symptômes indicateurs