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inconvéniens de la situation actuelle. Ou le monopole existe, et le gouvernement conserve tous les droits dont il a perdu la jouissance il doit alors, dans une époque plus ou moins éloignée, poursuivre les propriétaires qui ont pris possession de ses établissemens abandonnés ; — ou bien le monopole a cessé de fait et de droit : dans ce cas, la propriété des mines appartient à l’état ; c’est à lui de faire les concessions de terrains, d’accorder des privilèges, de poser des conditions. Persister plus long-temps dans la vaine prétention de rétablir le monopole des diamans, et repousser toute demande de concession, de peur de consacrer légalement l’abandon de droits irrévocablement perdus, c’est vouloir se priver volontairement des ressources naturelles qu’offre un sol privilégié. Quel est l’homme disposant de capitaux un peu considérables qui voudrait les exposer aujourd’hui dans l’exploitation des diamans ? S’il commence de grands travaux et parvient à mettre à découvert un cascalho productif, de nombreux concurrens viendront aussitôt réclamer leur part de ses bénéfices ; s’il refuse, le poignard fera justice de ses résistances : force lui sera donc de consentir, car il ne peut adresser aucune plainte au gouvernement, qui ne reconnaîtrait pas ses droits. Dans l’état actuel de la législation brésilienne, il n’y a donc que les petits capitalistes qui se lancent dans la périlleuse recherche des diamans. Aussi tout se borne à des explorations dans le lit des rivières, nulle part on n’entreprend ces grands travaux qui seraient nécessaires pour détourner le Jequitinonha ou l’Arasuahy de leur cours ; pourtant ces deux rivières, riches en or et en diamans, offriraient des bénéfices incalculables aux spéculateurs, et, pour les exploiter fructueusement, il faudrait risquer des capitaux bien moins considérables que ceux que les compagnies anglaises ont sacrifiés dans le travail des mines d’or : cette opinion peut aisément se justifier par des calculs. Le prix d’un nègre arrivant d’Afrique par Bahia varie de 1,500 à 2,500 francs. Au Grand-Mogol, le produit net d’un esclave est calculé à 600 francs par an ; ainsi, en moins de trois ans de travail, le prix d’achat se trouve remboursé : je crois ce calcul également applicable à Diamantina. Dans tous les cas, en évaluant à dix ans la durée moyenne du travail qu’un nègre doit faire, il est facile de calculer les bénéfices du maître d’un grand nombre d’esclaves. En remplaçant les bras par les machines, on obtient doubles bénéfices, soit parce que les travaux sont plus étendus, soit parce que les dépenses diminuent. Si le gouvernement avait résolu d’exécuter le projet présenté au congrès, en vendant des concessions de terrains dans le district diamantin, et si des Européens intelligens profitaient de cette