Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 7.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des bâtimens de guerre dans la Plata, afin d’intervenir et de trancher la question. L’honorable représentant ajouta qu’il savait que la médiation de la France et de l’Angleterre avait été refusée, mais le général Rosas n’oserait s’exposer, disait-il, à l’indignation du gouvernement brésilien !

Les défauts du caractère national ne font que grandir, on le voit, sous l’influence du régime parlementaire. Les chambres auraient dû cependant chercher à combattre, par une attitude sage et digne, les prétentions ridicules des Brésiliens : ces prétentions sont une source de désordres ; au fond de toutes les révoltes des provinces, il n’y a guère qu’un seul sentiment, la haine des étrangers. Vainement observerez-vous que le Brésil, avant de traiter d’égal, à égal avec les grandes puissances, doit se constituer ; vous ne parviendrez jamais à faire comprendre aux habitans que le désordre de l’administration indique un malaise général : ils vous répondront que les avantages accordés aux étrangers sont les seules causes de la misère et de l’anarchie.

Ces ridicules préjugés ne sont pas les seuls maux que le gouvernement laisse subsister sans les combattre. Il suffit de jeter les yeux sur la société brésilienne pour s’assurer que les intérêts moraux sont entièrement négligés par les hommes qui ont mission de diriger le pays. La population du Brésil est évaluée approximativement à cinq millions. On y distingue plusieurs races : 1° les Portugais d’Europe naturalisés Brésiliens ; 2° les Portugais créoles nés dans le pays, ou Brésiliens proprement dits ; 3° les métis de blancs et de nègres, ou mulâtres ; 5° les métis de blancs et d’Indiens, ou cabres ; 5° les nègres d’Afrique ; 6° les Indiens, partagés en diverses peuplades. L’état moral de cette société abandonnée à ses mauvaises passions, à ses instincts sauvages, est vraiment affligeant.

Le phénomène le plus remarquable que présente la population brésilienne ; ce sont les empiétemens de la race mulâtre, la seule qui, au Brésil, augmente chaque année. La corruption des Européens est la cause la plus active de cet accroissement. L’immoralité de toutes les classes a favorisé le croisement des races et détruit tous les préjugés de caste qui existent dans les colonies européennes, et surtout aux États-Unis. La seule race pure est celle des Indiens sauvages, en guerre avec le Brésil. Des blancs, des mulâtres nègres et indiens ont souvent des rapports avec la même femme. De ce croisement général des blancs et blanches avec des races mêlées naît une population que le teint naturellement olivâtre, les cheveux noirs et épais, doivent faire regarder comme mulâtre.