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DE


L’ART DU COMÉDIEN.




ÉTUDE HISTORIQUE ET CRITIQUE.




Première partie – Histoire

Jamais le nombre de ceux qui se destinent à la scène n’a été aussi grand que de nos jours ; jamais les doléances sur la rareté des bons acteurs n’ont été plus vives, plus générales, et j’ajoute à regret, mieux justifiées. Les auteurs excusent leur propre stérilité proclamant qu’ils manquent d’interprètes. Les directeurs voient depuis long-temps leurs cadres s’affaiblir, sans espoir de réparer leurs pertes. Les artistes, en très petit nombre, qui conservent le privilège d’attirer la foule, sentent si bien leur supériorité, qu’ils en abusent de toutes manières, et que leur acquisition devient parfois, pour les entreprises, une cause d’embarras, sinon de ruine. Dans le monde, vous entendrez souvent des comparaisons pleines d’amertume, entre la misère du présent et la fécondité du dernier siècle, où tant d’acteurs accomplis rivalisaient de talent et de zèle. Cette décadence du génie scénique ne serait-elle qu’un jeu de la fatalité, un mal sans remède ? Je ne suis