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en a une. C’est, comme nous l’avons, vu, l’idéologie, et voici comme il la rattache à sa physiologie. Il est convenu, dit-il, que la sensibilité physique est la source de toutes les idées et de toutes les habitudes qui constituent l’existence morale de l’homme. On sait que de nos sensations, c’est-à-dire des impressions qu’éprouvent nos différens organes, dépendent nos besoins, et l’action des instrumens qui nous sont donnés pour y satisfaire. Cette action se résout en mouvemens des organes. La vie est donc une suite de mouvemens qui s’exécutent en vertu des impressions reçues dans les parties sensibles parmi ces mouvemens, on distingue ceux desquels résultent les opérations de l’esprit, ou pour mieux parler, les opérations de l’intelligence et celles de la volonté.

Mais ces opérations, savoir nos idées et nos déterminations, ont la même source ; elle confondent donc à leur origine avec les autres mouvemens vitaux, et dans l’homme, considéré sous les deux points de vue du physique et du moral, tous les phénomènes se trouvent ainsi ramenés à un principe unique.

Ceci s’appuie sur deux sortes de preuves :

L’une est spéciale. La ligature ou la section pratiquée sur les organes même de la sensibilité, savoir les nerfs, abolit, dans la partie soumise à l’expérience, la faculté de tout mouvement volontaire, puis celle des impressions, puis celle des mouvemens vagues, puis la vie. Ainsi une partie même nerveuse, séparée du reste de l’organe ou système sensitif, devient insensible. Une atteinte matérielle portée dans les centres principaux de ce système altère, suspend ou détruit la sensibilité, l’intelligence, la volonté.

L’autre preuve est générale ; elle résulte de ce fait d’expérience universelle que la manière de sentir, et avec elle les idées, les caractères, les habitudes, les actions, sont soumises à l’influence de l’âge, du sexe, du tempérament, des maladies, du régime, du climat. Cette sextuple influence est proprement le sujet de l’ouvrage.

Cette philosophie est appuyée su une certaine physiologie. La vie n’existe que là où se rencontrent l’organisation et la sensibilité. La cause première de la sensibilité, de l’organisation, de la vie, est inconnue ; cependant on doit la rattacher aux lois générales qui régissent la matière, et peut-être puisque la sensibilité se résout en mouvement, aux lois et aux causes du mouvement, source de tous les phénomènes de l’univers.

La sensibilité consiste dans la faculté que possède le système nerveux d’être averti des impressions produites sur ses différentes parties,