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les protégés, c’est-à-dire les sujets de l’Occident, ou les confédérés, c’est-à-dire les égaux du peuple grec.

Ainsi, les annexes politiques de la Grèce s’étendent, dans le nord de la Roumanie à l’Ararat, et, dans le sud, des montagnes mirdites de l’Albanie jusqu’aux districts maronites du Liban, c’est-à-dire qu’elles aboutissent à deux montagnes libres, à deux champs d’asile chrétiens. En résumé, toutes ces annexes de la Grèce embrasseraient, sans y comprendre les Slaves de Turquie, douze à quinze millions d’hommes, dont les trois quarts sont chrétiens ; le reste est Turc. Telle serait l’étendue possible de l’union panhellénienne, On voit qu’embrassant des peuples si divers, rapprochés seulement par la communauté d’intérêts, cette union ne pourrait être que fédérale ; toutefois la puissance grecque, maîtresse des principaux débouchés maritimes, exercerait par là même sur les états associés une force d’attraction irrésistible, que l’assentiment du congrès fédéral changerait sans peine en force le contrainte pour les cas de danger commun.


III.
PEUPLES ILLYRIENS

Après la nationalité grecque, la première place dans le monde gréco-slave semble devoir tôt ou tard appartenir à ce groupe de peuples désignés dans l’histoire sous le nom de nation illyrienne, et représentés vis-à-vis de la diplomatie européenne par le royaume slavo-maghyare de Hongrie et la principauté serbe. Les Illyriens, avant Jésus-Christ, formaient une vaste confédération de petits rois et de républiques qui couvraient tout le nord de la péninsule d’Orient depuis l’Attique et l’Épire jusqu’au Danube et au Pont-Euxin. On verra bientôt que cet état primitif de la Grande-Illyrie est celui auquel tend de nouveau l’Illyie moderne.

Les illyriens, qui sont incontestablement les plus anciens des Slaves, forment peut-être la plus antique souche humaine qui existe à cette heure en Europe. L’Albanie, terre blanche ou terre d’hommes libres, paraît avoir été long-temps leur forteresse naturelle, le rempart derrière lequel ces peuples terribles mettaient en sûreté les riches trophées de leurs victoires, le refuge où ils se retranchaient dans la défaite. Il semble même que ce soit au fond des vallées albanaises qu’il faille chercher le berceau commun de la race slave et de la race hellénique. L’histoire a constaté les combats acharnés que dut livrer la république