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fureur sur un autre ennemi, je le couchai à terre d’un coup de tomahawk, je le traversai de part en part d’un coup de lance, j’enlevai son scalp et je retournai triomphant auprès de mon père. Il ne me dit rien, mais il parut content. » Ce dernier trait est bien indien.

Le voyageur qui se propose de visiter l’intérieur des régions occidentales de l’Amérique du Nord doit, ou remonter le Missouri, celle des rivières du pays qui est navigable sur la plus grande étendue de son cours, c’est-à-dire jusqu’au pied des Montagnes Rocheuses, et qu’on peut regarder comme le seul chemin praticable ouvert vers l’ouest aux entreprises de la civilisation, ou bien il doit se joindre aux caravanes qui se rendent à Santa-Fé, à travers les prairies de l’Arkansas et du Bojo. Cette dernière route embrasse une bien moins grande étendue de pays, mais elle est de beaucoup la plus pénible. Des difficultés de toute espèce attendent le voyageur, qui ne peut ni se livrer aux observations qui sont l’objet de ses explorations, ni réunir aucune collection d’histoire naturelle de quelque importance. En lutte continuelle avec les tribus indiennes, dont il traverse le territoire, il ne rencontre ces hommes singuliers que les armes à la main, et ne peut acquérir qu’une connaissance très imparfaite de leurs mœurs. Le cours du Missouri est, au contraire, une sorte de terrain neutre, où l’Européen et l’Indien viennent conclure leurs échanges et se rencontrent sans se combattre. Quelques petit forts, jetés à d’immenses intervalles sur les rives de cette grande rivière, plutôt comme des comptoirs et des lieux de refuge que comme des établissemens capables de contenir les populations hostiles, permettent au voyageur de prendre un peu de repos après de longues fatigues, et de rassembler des collections en lieu sûr. C’est là qu’il se trouve, en outre, dans de continuels rapports avec l’Indien, dont les tribus se groupent, certaines époques, aux environs de ces établissemens qu’elles ne visitent habituellement que comme amies. Le prince Maximilien se décida donc à suive cette dernière route et à remonter le Missouri. Il s’aboucha avec les directeurs de la compagnie américaine des pelleteries de Saint-Louis, et il obtint facilement le passage sur l’un des bateaux à vapeur qui remontent annuellement le Missouri jusqu’au Fort-Union.

La compagnie américaine des pelleteries, maîtresse autrefois du commerce de toute la contrée de l’Amérique septentrionale, a vu diminuer peu à peu ses relations commerciales. Battue sur l’Orégon par une compagnie rivale, malgré les expéditions de M. Astor de New-York et, son établissement à l’embouchure du fleuve Colombia, elle lutte sur les limites nord du Missouri et des Montagnes Rocheuses