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sont vraiment poétiques. Les Mandans, par exemple, regardent les étoiles comme les ames des hommes morts. Quand une femme met un enfant au monde, une étoile tombe du ciel sur la terre et anime l’enfant qui vient de naître ; après la mort de l’enfant ou de l’homme, l’étoile retourne au ciel.

Les Indiens croient aux songes et aux maléfices : chose singulière, on retrouve chez certaines tribus du Missouri, les Mandans et les Meunitarris, par exemple, l’envoûtage, tel qu’il existait en Europe au XVe siècle. Ces indiens sont persuadés qu’une personne à qui l’on veut du mal doit infailliblement mourir, si on introduit une aiguille ou un piquant de porc-épic à l’endroit du cœur d’une figurine en bois ou en argile représentant cette personne.

Il existe dans chaque tribu plusieurs sociétés ou bandes dont les membres se distinguent par des marques extérieures, et sont unis entre eux par des lois maçonniques. Ces bandes se réunissent, à certaines époques, pour exécuter leurs danses symboliques ou guerrières, telles que la danse des bisons, des chiens et du scalp. Dans ces circonstances, les figurans se livrent à toutes sortes de récréations et de jeux, et au libertinage le plus effréné, tant avec les filles et les femmes, qui durant cette fête appartiennent à tous, qu’avec ces hommes-femmes qu’on rencontre dans toutes les tribus indiennes de l’Amérique du Nord. On ne retrouve plus dans ces occasions aucune trace de la jalousie qui porte l’Indien à mutiler sa femme adultère et à lui arracher le nez ; tout au contraire, c’est le mari qui provoque l’infidélité de sa femme et qui la remet à son soi disant père. La musique et les chants qui accompagnent ces danses sont tout-à-fait barbares. Les jongleurs se mêlent à ces fêtes, et leur adresse est quelquefois extraordinaire. Les jongleurs aricaras sont les plus habiles ; voici un de leurs tours. Un homme armé d’un sabre détache d’un seul coup la tête de son camarade ; on ramasse la tête et on l’emporte. Le tronc saignant du mort se relève au bout de quelques instans et se met à danser sans tête. On rapporte la tête coupée, qu’on replace sur les épaules du décapité, sens devant derrière. L’homme continue sa danse jusqu’à ce que la tête reprenne d’elle-même sa position naturelle, et que le danseur, se retrouvant au complet, puisse apostropher l’auditoire comme avant le coup de sabre. Il n’est pas surprenant que les colons canadiens aient regardé les Aricaras comme des sorciers, sachant faire des miracles.

M. de Châteaubriand, en décrivant les mœurs des Indiens, leurs cérémonies religieuses, leurs fêtes, leurs chasses, leurs guerres et leurs jeux, nous