Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 8.djvu/586

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en Lombardie et en Piémont, le parti italien combattit ouvertement les patriotes du parti français. Toutefois ces efforts devaient rester stériles. La ligue noire, la société des Rayons, les partisans de la modération et de l’isolement national, ne pouvaient jouer aucun rôle dans la lutte qui allait s’ouvrir. Au fort de la mêlée, il n’y a pas de modération possible. Quel fut le sort des partisans de l’indépendance ? Les uns moururent dans les rangs des Autrichiens, les autres se retrouvèrent plus tard dans les rangs du parti français.

Ainsi l’Italie, en 1799, était partagée entre des royalistes soumis à l’Autriche et aux alliés, des démocrates placés sous la protection de la France, et des partisans de l’indépendance Italienne qui n’avaient aucun appui. Les républiques ne se maintenaient que grace à la présence de l’armée française. Tel était cependant l’aveuglement des démocrates, qu’ils attendaient avec impatience le moment où les Français repasseraient les Alpes. Les républicains de Naples voyaient avec joie Macdonald quitter cette ville ; ils croyaient que toutes les vertus napolitaines se manifesteraient dès que le pays serait délivré de la présence des troupes étrangères. Ces illusions généreuses furent bientôt dissipées.

A la retraite des armées françaises, la Haute-Italie tomba au pouvoir des Autrichiens unis aux Russes ; la Basse-Italie fut envahie par les Russes et les Anglais. Le roi de Sardaigne remonta sur le trône au milieu des pillages et des massacres ; un moine, nommé Branda, avait réuni des bandes de paysans qui s’appelaient l’armée chrétienne, et dans ses prières, il appelait la protection de la sainte Trinité sur la Russie, l’Autriche et la Turquie, alliées de Charles-Emmanuel. Les Russes ravageaient les villes de la Lombardie, les Autrichiens détruisaient la république cisalpine, et l’empereur François II condamnait d’un seul coup quatre cents patriotes à traîner les barques aux bouches de Cattaro. En Toscane, les prêtres et les paysans donnaient la chasse aux jacobins. Le pape rentrait dans ses états, appuyé par une armée russo-napolitaine et par les briganti, qui massacraient sans pitié le partisans de la république. Les réactions de la cour de Naples prirent, on le sait, des proportions gigantesques. Le cardinal Ruffo, à la tête d’une troupe de paysans et de brigands soutenus par les forces de l’Angleterre et de la Russie, bloquait dans la capitale tous les partisans de la république parthénopéenne. Les républicains capitulaient avec Ruffo, et la capitulation était violée. Trente mille personnes étaient emprisonnées, trois cents victimes illustres trouvaient la mort sur l’échafaud ; six mille républicains périssaient dans les combats ou les