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de la police ; toutes les persécutions étaient autorisées contre les carbonari ; on les exilait en masse. En présence de ces excès, le cabinet de Vienne resta fidèle à son rôle ; ici encore il avait à combattre la révolution et la contre-révolution. C’est le général Frimont qui faisait des remontrances à la cour, c’est l’empereur d’Autriche qui recommandait la clémence. Le roi Ferdinand voulut persévérer dans son système d’intimidation, et alors il fut convenu que l’occupation autrichienne durerait trois ans. L’année suivante (1822), on fusillait neuf Siciliens ; il y avait 16,000 personnes dans les prisons de la Sicile ; les conspirations se multipliaient sous le régime de Ferdinand. La sainte-alliance fit alors destituer Canosa une seconde fois, et imposa un nouveau ministère au roi. Malgré les remontrances de l’Autriche, les procès de la révolution duraient encore à Naples en 1824 ; les conspirations se renouvelaient, et le gouvernement ne songeait pas à licencier les troupes napolitaines qui avaient fait la révolution. Aussi l’armée impériale dut-elle différer son départ. Quand l’évacuation commença, en 1826, le roi nommait deux commissions militaires en permanence pour juger les crimes de haute trahison. L’évacuation des troupes fut terminée en 1827, et le roi n’eut rien de plus pressé que de congédier en même temps la garde nationale. La police ne tarda pas à découvrir un nouveau complot, et fit vingt-six arrestations sans trouver aucune preuve après un procès de deux ans. Enfin, en 1828, quand le royaume était libre et tranquille, la cour gouvernait encore par les moyens de la terreur. Des conspirateurs profitèrent du mécontentement causé par la maladresse du gouvernement, et la révolution de 1821 fit sa dernière tentative, que le ministre de la police étouffa par les exécutions de Bosco. Les trois frères Capozzoli, anciens propriétaires dans les deux communes de Bosco et de Monteforte, se soutenaient dans les montagnes en faisant de temps à autre quelques incursions dans la province. Ils entretenaient des relations avec les habitans des deux communes, et un jour le curé de Bosco, qu’ils avaient séduit, proclama la constitution dans l’église. Bosco, Centola, Camerata, Licusati, Rocca-Gloriosa, se soulevèrent ; le mouvement s’arrêta à San-Giovanni-a-Piro. C’était là une émeute de village assez innocente. Del Carreto, actuellement ministre de la police à Naples, fit exécuter vingt individus, en condamna quinze à perpétuité, quarante-trois à terme : les biens des accusés furent confisqués, Bosco fut rasé, et on éleva une colonne sur le lieu du supplice pour perpétuer les souvenirs de la terreur dans les communes qui avaient pris part à l’insurrection.

Quant aux autres états Italiens, plus ou moins soumis à l’influence