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pontifical était la contre-révolution complète, et c’est sur ce nouveau terrain que devait se poursuivre la révolution italienne, sous le coup des évènemens de juillet. Le pape, en 1814, n’avait rien accepté du gouvernement napoléonien, si ce n’est les impôts, qu’il percevait à sa manière, avec la perte de 30 pour 100. Pour combattre la révolution, il n’avait pas même les ressources de l’absolutisme ; pouvait-il assurer le bien-être à un pays où régnait le monopole des prélats ? Des troupes incapables de contenir les brigands auraient-elles pu combattre les insurrections ? A défaut de toute autre ressource, le pape fit appel aux ultras du saint-siège, à la dévotion, aux hommes des sociétés catholiques, aux complices de la conspiration théocratico-antinapoléonienne ; bref, il opposa le sanfédisme au carbonarisme.

La secte des sanfédistes rêvait depuis long-temps la domination temporelle de l’église sur toute l’Italie et la propagation de la foi dans le monde. A son origine, elle se recrutait dans la haute aristocratie et se composait de cardinaux, d’évêques, d’ambassadeurs italiens, de jésuites, d’inquisiteurs. En rapport, sous Napoléon, avec les carbonari, la secte se tourna, en 1815, contre les libéraux, et en 1821 elle ouvrit ses rangs aux classes moyennes, pour exciter par cet intermédiaire le peuple contre les bonapartistes et les carbonari. De là un double mouvement de sociétés secrètes dans toutes les villes de la Romagne ; les sanfédistes se réunissaient chez les dévots et les curés, les carbonari chez des nobles, chez des négocians, des propriétaires Pie VII, après avoir lancé de nombreux anathèmes contre les partisans de Bonaparte et les carbonari, pouvait mourir avec la consolation d’avoir tout préparé pour la guerre civile. Léon XII (1823) poussa plus loin la réaction ; il se posa en réformateur. Pendant son règne, on vit reparaître le latin dans les tribunaux, les curies et les écoles ; une touchante sollicitude pour les brigands rendit le droit d’asile à quelques églises ; les juifs, persécutés, durent émigrer ; le commerce fut écrasé d’impôts. C’était partout un redoublement de tyrannie théocratique et féodale. Les sanfédistes, officieusement encouragés, s’exaltaient, par conséquent les libéraux s’agitaient ; la dévotion attira les pèlerins des sociétés catholiques à Rome, et le carbonarisme y envoya ses pèlerins blancs. Il avait ses ermites, il faisait circuler ses épîtres de Saint Paul aux Romains. Dans les quatre Légations, les querelles éclatèrent bientôt entre les sanfédistes et les carbonari ; à Frosinone, l’anarchie était complétée par la présence des brigands, qui s’accordaient avec les communes ; à Rome, la vie du pontife était menacée par une conspiration Le supplice de Montanari, les folles