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de juillet. C’est avec effort que le gouvernement provisoire de Bologne pouvait le contenir ; la jeunesse de l’Italie centrale demandait à grands cris la propagande et le combat. Après la reddition d’Ancône, elle cherchait à organiser une insurrection républicaine dans les sociétés secrètes. Buonarotti, l’ami de Babeuf, vivait encore, et il fonda en Toscane la société des Vrais Italiens ; à la Saint-Jean de 1831, on tentait déjà le soulèvement de Florence. La police toscane, stimulée par le duc de Modène, arrêtait plusieurs suspects ; les conspirateurs usaient de représailles en jetant des sbires dans I’Arno et en donnant des sérénades aux détenus politiques ; les arrestations se multipliaient, l’Anthologie de Florence fut supprimée : enfin le grand-duc céda à l’opinion, et le calme se rétablit. En 1832, M. Mazzini fonde la jeune Italie. La propagande s’étend rapidement en Piémont, à Gênes, en Lombardie, à Naples ; mais le roi Charles-Albert arrête le mouvement par les douze exécutions de 1833, et l’expédition de Savoie l’anéantit en 1834. En même temps les fils du général Roussaroll, le dernier qui eût résisté parmi les révolutionnaires de 1821, attentent à la vie du roi de Naples ; Ricci est exécuté à Modène ; l’Autriche envoie de nouveaux conspirateurs au Spielberg. Trois ans après l’expédition de Savoie, au moment du choléra-morbus, Penne se soulève dans le royaume de Naples, Syracuse en Sicile : on passe par les armes cinquante-cinq personnes à Syracuse, et le roi profite de l’émeute pour fondre ensemble les deux gouvernemens de Naples et de Sicile. L’unité administrative pouvait être un bienfait, on en fit un fléau : on avait à désarmer la révolution en civilisant la Sicile, qui ne possède ni routes, ni instruction primaire, ni agriculture, ni commerce, et on ne songea qu’à profiter de l’incorporation de l’île pour augmenter les impôts. Il en résultait que cette terre sicilienne si fertile, et où le peuple meurt de faim, redevenait un foyer révolutionnaire. Les Calabres mécontentes se prêtaient de leur côté à la propagande, et les révolutionnaires exaltés cherchaient à ressusciter l’ancienne alliance insurrectionnelle de 1812 entre les Calabres et la Sicile. Cette fois, la Romagne venait ajouter un troisième centre révolutionnaire à l’alliance ; impatiente du combat depuis la double évacuation franco-autrichienne (1838), elle était libre d’agir. Faible sur les trois points des Calabres, de la Sicile et de la Romagne, le parti pouvait se trouver à tort par l’insurrection combinée des trois pays : la haine de la Sicile pour Naples, des Calabres pour le gouvernement du roi Ferdinand, des Romagnols pour la cour de Rome, la nécessité impérieuse d’une reforme, voilà les élémens qu’une conspiration active, persévérante,