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Londres M.W. Cuhitt, qui voulait m’y emmener. Dans la moindre course en Angleterre, il y a beaucoup à voir, beaucoup apprendre ; j’éprouvais d’autant plus de regret à m’éloigner si vite que, dans mes voyages précédens, je ne m’étais jamais trouvé en contact aussi intime avec cette race d’hommes à conceptions vigoureuses, à esprits calmes, à résolutions persévérantes, qui fait la force principale du pays, se mêlant peu de sa direction politique, mais comptée pour beaucoup, en raison de son poids, par ceux qui tiennent le timon des affaires, et leur rendant en force plus qu’elle n’en reçoit en protection. Des devoirs pressans me rappelaient à Paris ; j’ai donc dit adieu à Folkstone, bien résolu à y revenir par les premiers wagons qui partiront de Paris pour Boulogne.

Au soleil levant, l’Orion accostait la côte de France, et bientôt nous entrions dans le chenal du port de Boulogne. Cet attérage n’est pas de ceux qui promettent plus qu’ils ne tiennent ; on n’aperçoit du large que des falaises grisâtres surmontées d’un peu de verdure, mais elles enveloppent la fraîche allée de la Liane, et la perle est sous l’écaille. Le chenal, avec la courbe gracieuse de ses longues jetées en charpente, semble s’avancer entre deux profondes colonnades ; un large quai, garni de belles constructions, se développe le long du port ; la ville s’étage au-dessus avec un encadrement de grands arbres ; elle ressort au milieu de coteaux verdoyans, et les montagnes du haut Boulonais ferment au loin l’horizon ; une ceinture de quinze redoutes, batteries ou forts détachés, construits par les soldats du camp de l’an XII, défend les approches de la ville et du port, et sur la hauteur voisine la colonne de la grande armée domine cet ensemble et le couronne de glorieux souvenirs. L’intérieur de la ville répond à son aspect extérieur ; tout s’y ressent de son excellente administration municipale ; les rues sont larges, bien alignées, proprement tenues ; une active circulation les anime ; Boulogne, enfin, annonce dignement la France à l’étranger, soit qu’il vienne en ami, soit qu’il se présente en ennemi.

Boulogne est une des villes, de France qui ont le plus grandi depuis la révolution. Sa population était aux recensemens


Habitans
De 1789, de 8,414
De 1801, de 11,300
De 1811, de 13,474
De 1821, de 16,607
De 1831, de 20,856
De 1841, de 27,402

et la progression n’a jamais été si forte qu’aujourd’hui ; l’achèvement