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communique ; les bâtimens qui desservent leurs bassins appartiennent à la métropole et pourraient se perdre sans que celle-ci l’aperçût, tant ses ressources sont vastes. Elle peut envoyer ou recevoir presque indéfiniment des navires. Boulogne et Calais, au contraire, doivent subsister exclusivement de leur propre fonds : nul réservoir inépuisable ne fait couler sa sève dans leurs canaux ; au point de vue maritime, ces villes n’ont ni points d’appui, ni réserves. L’effectif en navires, y compris les bateaux de pêche, est dans la première de 2,856 tonneaux, dans la seconde de 4,499. Le port de Londres possède à lui seul 3,058 bâtimens jaugeant 619,717 tonneaux[1]. C’est une force supérieure à celle de notre marine marchande tout entière, qui compte dans l’Océan et la Méditerranée 13,301 bâtimens et 579,760 tonneaux[2].

Ces rapprochemens pénibles sont bons à faire pour contre-peser les suggestions de cette confiance aveugle, conseillère d’imprudentes fantaisies, qui est un des principaux défauts de notre nation. Faute de connaître et de mesurer les forces avec lesquelles il peut avoir à lutter, soit dans la paix, soit dans la guerre, un pays s’expose quelquefois à de cruels mécomptes. Reconnaissons donc, sans illusion et sans découragement, la disproportion qui existe dans le Pas-de-Calais entre la condition navale de la Grande-Bretagne et la nôtre ; heureux si ce retour sur nous-mêmes nous empêche d’engager dans des entreprises inconsidérées des forces que la prévoyance la plus vulgaire réserverait pour un meilleur usage, et nous fait entrer, d’un pas ferme et mesuré, dans une série de travaux qui, tout en nous laissant loin d’une égalité impossible à atteindre, nous placera dans une situation suffisamment rassurante.

L’inscription maritime des quartiers de Boulogne et de Calais comprend aujourd’hui en capitaines, maîtres, pilotes, marins et novices,

Dans la marine royale : 544 hommes.
Dans la marine marchande ou la pêche : 2,427
En inactivité : 364
Au total : 3,335 hommes.

C’est peu sans doute ; mais ce personnel compense par une vigueur et une intelligence, dont le commerce de Londres a souvent fait l'é-

  1. Documens publiés par le ministère de l’agriculture et du commerce.
  2. Tableau général du commerce extérieur de la France, publié par l’administration des douanes.