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quelquefois un seul phénomène a suffi pour faire passer les plus inutiles en apparence de notre entendement dans la nature. Rien ne semblait plus futile que les spéculations des anciens géomètres sur les courbes qu’engendre la section de la surface des cônes par un plan : après deux mille ans, elles ont fait découvrir à Kepler les lois générales du système planétaire dont les différens corps se meuvent dans ces courbes. »

Quelques années plus tard, Laplace, faisant réimprimer ce passage, y ajoutait cette note :

« Depuis la première publication de ces leçons, M. Gauss, célèbre géomètre, a réalisé cette prédiction, et, par une application extrêmement ingénieuse de la théorie des nombres, il est parvenu à des résultats étonnans, entièrement nouveaux, sur la résolution des équations et sur l’inscription des polygones réguliers dans le cercle. »

Au lieu donc de faire des vœux pour que les jeunes géomètres négligent la théorie des nombres, espérons que cette nouvelle édition des œuvres de Fermat ranimera leur zèle, et les portera, par un si grand exemple, à cultiver avec une égale ardeur et avec un succès croissant les diverses branches de l’analyse mathématique. Une introduction historique, où l’on exposerait rapidement tout ce que la France a fait pour le progrès des sciences depuis les temps les plus reculés jusqu’au moment de la mort de Fermat, et quelque notes destinées à faciliter la lecture des écrits que l’on doit imprimer, semblent un complément indispensable de cette publication. Il serait à propos de reproduire à cette occasion le portrait de Fermat gravé dans les Opera varia, afin que désormais toute la France pût connaître cette belle tête d’un homme aussi digne par son génie que par ses qualités morales de servir d’exemple à la postérité. Nous désirons vivement, sans pourtant l’espérer, que la personne chargée par le gouvernement de diriger l’édition des œuvres de Fermat ne reste pas trop au-dessous de la tâche qui lui est imposée.

G. LIBRI.