II. Fragmens psychologiques sur la Folie. — Du Traitement moral, par M. Leuret.
Quand on entre pour la première fois dans un établissement d’aliénés, on se croit le jouet d’un rêve pénible : une pitié douloureuse, un effroi glacial vous oppressent. La raison doute d’elle-même et ne trouve plus sa route dans ce monde nouveau dont toutes les images sont bouleversées. Les aliénés ne ressemblent pas aux infirmes qu’on rencontre dans les autres établissemens, et chez lesquels le corps languit : ici c’est l’hôpital de l’ame. Regardez autour de vous : dans ces créatures effacées, l’ombre de l’homme, souvent même celle de l’animal, se montre à peine. La figure du monde est voilée pour elles ; les élémens de l’intelligence sont rentrés dans le chaos. Est-il une douleur égale à cette douleur infinie ? Nous sommes ici dans la cité lamentable. L’esprit a précédé ces êtres humains dans la mort ; ils