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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 octobre 1845.


Les derniers évènemens dont l’Algérie a été le théâtre ont rempli la France de tristesse. Il est cruel d’apprendre tout à coup, au sein d’une sécurité profonde, que plus de quatre cents Français ont succombé dans une odieuse embûche. Leur mort a été héroïque, et elle a excité dans tous les cœurs la plus légitime admiration ; mais il faut faire trêve à ces impressions douloureuses pour envisager les difficultés politiques que vient de créer la catastrophe de Ghazaouat.

Quelle mobilité dans la scène politique ! Il y a quelques semaines, tout paraissait succéder au ministère ses amis accumulaient en son honneur les félicitations. Aujourd’hui, les choses sont bien assombries, et nous avons peut-être devant nous une longue perspective d’épreuves à subir. Soyons justes cependant : à la nouvelle de l’indigne surprise de Djemma-Ghazaouat, le premier mouvement du ministère a été bon, et, quoi qu’ait dit un grand politique sur les dangers d’un premier mouvement, nous ne saurions nous résoudre à blâmer le cabinet. Six régimens d’infanterie et deux régimens de cavalerie ont reçu l’ordre sur-le-champ de s’embarquer pour l’Algérie et la province d’Oran, et il a été annoncé, au nom du cabinet, qu’on irait chercher Abd-el-Kader jusque dans le Maroc. Quand cette grande résolution a été prise, le cabinet n’était pas nombreux, plusieurs ministres étaient et sont encore absens. Quand le conseil a délibéré dans ces derniers jours, il n’avait dans son sein ni M. le ministre de la guerre, ni M. le ministre de l’intérieur sans parler de M. Dumon, qui voyage dans le midi de la France. Toutefois, si incomplet qu’il fût, le cabinet a’a pas reculé devant de graves mesures, et son organe le plus accrédité a parlé avec véhémence d la nécessité d’une campagne nouvelle et décisive.