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chambre des députés, ou par la chambre de pairs seule, ou par les deux chambres réunies, si bien qu’en dessous de la nomination royale il y a plusieurs systèmes de candidature qui peuvent être discutés et adoptés. Examinons donc les divers modes de candidature proposés en 1831, et qui ne furent repoussés alors qu’à cause des difficultés d’exécution.

La candidature, disait-on, est une gêne pour le pouvoir qui choisit ou n’est pas une garantie pour le pouvoir qui présente. Elle est une gêne quand les candidats sont choisis de manière qu’il n’y a qu’un seul choix qui soit possible. Ce serait le cas, si chaque collége électoral avait trois candidats à présenter : il y aurait un nom digne et illustre, les deux autres seraient obscurs ou incapables ; le choix du roi deviendrait forcé ; ce seraient les électeurs qui nommeraient. La candidature n’est pas une garantie, quand le choix se fait une liste nombreuse ; ce serait le cas, si une liste de candidats était formée pour la France pari les collèges électoraux, avec obligation, pour le roi, de choisir les pairs dans cette liste. L’obligation ne serait pas gênante, tant le choix serait large ; mais la candidature alors ne serait plus une garantie.

Ainsi, la première difficulté tient à la nature même de l’institution. La candidature est ordinairement une fiction. C’est toujours celui qui choisit ou celui qui présente qui nomme réellement.

À cette difficulté, je réponds qu’elle naît de la logique plutôt que de la pratique. Le but de la candidature n’est pas d’équilibrer les deux volontés qui y concourent, de manière que l’une n’y ait pas plus de part que l’autre : le but de la candidature doit être de faire de bons choix et d’empêcher les mauvais. Il faut, toutes les fois qu’on organise un système de candidature, viser non pas à l’équilibre impossible des co-choisissans, mais à l’excellence des choix.

Qui présentera des candidats au choix du roi ? Seront-ce les collèges d’arrondissement ? Vous aurez, dit-on, des notabilités de clocher ! Pas plus que nous n’en avons à la chambre des députés. Pourquoi ne pas supposer que les électeurs auront la main aussi bonne pour les candidats à la pairie que pour les députés ? Mais alors, continue-t-on, vous aurez, par la nature même des candidats, une chambre des pairs composée à peu près de la même manière que la chambre des députés, la doublure d’un pouvoir et non son contre-poids. — L’objection est juste : ne déléguons pas aux collèges d’arrondissement le droit de présenter les candidas la pairie.

Sera-ce tous les électeurs réunis au chef-lieu du département qui