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limitait le nombre des pairs : la charte veut que ce nombre soit illimité. M. Félix Bodin faisait élire et nommer les pairs par la pairie : la charte veut que les pairs soient nommés par le roi. Il suit de là 1° que, si la pairie peut être appelée d’une manière quelconque à se recruter elle-même, ce ne peut plus être qu’en présentant des candidats à la nomination royale, et en les présentant, non pas à chaque vacance de siége, mais à certaines époques fixes et en nombre indéterminé. J’avoue que le système ainsi modifié n’aura plus sa vertu et son efficacité primitives ; mais, selon moi, il en aura encore une grande, et surtout il vaudra mieux que le système des catégories tel que nous l’avons.

Énumérons rapidement les avantages de cette candidature confiée à la pairie. Les candidats qui arriveront de cette manière au Luxembourg auront une origine indépendante. La pairie aura sa source en elle-même ; elle sera distincte des autres pouvoirs sans leur être contraire. L’hérédité, c’est-à-dire le droit de se perpétuer par soi-même, sera transportée des pairs à la pairie, et des individus au corps.

Il y aura pour les hommes politiques une autre manière d’arriver à la pairie que de passer par la chambre des députés ou par les emplois publics. La chambre redeviendra une véritable assemblée politique. Quand une place est vacante à l’institut, il se présente à l’instant plusieurs candidats ; il y aura de même une concurrence pour être porté par la chambre des pairs sur la liste de candidature, car cette candidature, ne fût-elle pas suivie de la nomination, sera elle-même un titre d’honneur qui excitera de nobles ambitions.

Quels soit les dangers de ce système ? d’obliger le ministère à nommer les candidats désignés par la pairie ? Il y sera obligé, il est vrai, à une sorte de respect humain ; mais, si les choix sont bons, ce n’est pas un mal.

Il y aura dans cette liste de candidats, beaucoup de fils et de neveux de pairs, et l’hérédité sera rétablie à l’aide de la candidature. — La nomination royale servira de frein et de barrière aux prédictions naturelles de la paternité ou du népotisme.

Je ne demande pas, en effet, que ce système soit le seul mode de recrutement de la pairie ; il faut le combiner avec d’autres modes. Les candidats proposés par la pairie concourraient avec les autres candidats déjà désignés par la loi. Ce serait une catégorie de plus ; mais j’avoue, et je ne suis pas effrayé de cet aveu, que, si ce droit de candidature était bien exercé par la chambre, les candidatures