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de ces états provinciaux, une représentation générale du royaume. C’était là la question brûlante, c’était le problème dont on attendait impatiemment la solution. Le décret de 1841 ne pouvait s’abstenir d’en parler. Voici quelles furent les propositions du gouvernement. On instituait une diète où les états provinciaux envoyaient chacun un certain nombre de délégués ; cette assemblée siégeait à Berlin, et ses attributions étaient de deux sortes : d’abord, sur tous les points où les états provinciaux avaient émis des vœux qui se combattaient, c’était à la diète générale de Berlin de clore le débat ; elle devait oublier les intérêts particuliers et ne songer qu’au bien de la patrie commune. La diète pouvait aussi être consultée par le gouvernement sur toutes les questions qui intéressaient le bien de tous et dans tous les cas où le roi voudrait s’appuyer sur l’avis des hommes éclairés du pays.

Il est facile de voir ce que vaut le décret de 1841, ses mérites et ses inconvéniens, les avantages qu’il apporte et les immenses lacunes qu’il laisse subsister dans le droit public. A vrai dire, on n’avait fait qu’une chose : on fortifiait les états provinciaux ; une demi-publicité leur était accordée, et l’institution pouvait jeter dans le pays des racines solides. Ce n’était là pourtant qu’un intérêt secondaire. Le point capital, la question urgente, c’était celle de la représentation du royaume ; or, que faisait-on des promesses publiées si haut en deux occasions solennelles ? Qu’est-ce que cette diète de Berlin ? Qu’est-ce que cette assemblée occupée seulement à mettre d’accord les décisions de chaque province ? Les objections naissent en foule ; elles se présentèrent immédiatement à tous les esprits, et on ne les épargna guère à l’œuvre de Frédéric-Guillaume IV. D’abord, quand on réclamait la constitution promise en 1815, on avait le droit de penser que les députés du pays ne seraient pas choisis, comme le sont ceux des états provinciaux, d’après les principes ridicules qui président à la formation de ces assemblées. On ne réclamait pas trop fortement Contre ces divisions de castes, contre les élections par états, contre cette absurde distribution des députés qui ne repose ni sur le nombre de la population, ni sur l’importance du pays, mais seulement sur une division géographique ; on ne réclamait pas avec trop de colère contre ces formes surannées, parce qu’on espérait que la constitution serait établie sur d’autres bases, et que l’esprit moderne pénétrerait enfin dans cette monarchie qui veut commander à l’Allemagne. Eh bien ! non, toutes ces espérances étaient trompées ; cette assemblée des représentans de la Prusse n’était autre chose qu’une commission