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n’est pas exactement celle d’un ellipsoïde de révolution régulier, et que cette figure se reflète dans les inégalités des mouvemens lunaires. Les grandes vues de la géographie comparée n’ont commencé à prendre de la solidité et de l’éclat tout ensemble qu’à l’apparition de cet admirable ouvrage (Études de la terre dans ses rapports avec la nature et avec l’histoire de l’homme) où Charles Ritter a si fortement caractérisé la physionomie de notre globe, et montré l’influence de sa configuration extérieure, tant sur les phénomènes physiques qui s’opèrent à sa surface, que sur les migrations des peuples, leurs lois, leurs mœurs et tous les principaux phénomènes historiques dont elle est le théâtre.

La France possède un ouvrage immortel, l’Exposition du système du monde, dans lequel l’auteur a réuni les résultats des travaux mathématiques et astronomiques les plus sublimes, en les dégageant de l’appareil des démonstrations. La structure des cieux est réduite, dans ce livre, à la simple solution d’un grand problème de mécanique. Cependant l’Exposition du système du monde de Laplace n’a jamais été taxée jusqu’ici d’être incomplète et de manquer de profondeur. Distinguer les matériaux dissemblables, les travaux qui ne tendent pas au même but, séparer les aperçus généraux des observations isolées, c’est le seul moyen de donner l’unité de composition à la physique du monde, de répandre de la clarté sur les objets, d’imprimer un caractère de grandeur à l’étude de la nature. En supprimant tous les détails qui peuvent nous distraire, on n’envisage que les grandes masses, et l’on saisit rationnellement, par la pensée, ce qui reste insaisissable à la faiblesse de nos sens.

Il faut ajouter à ces considérations que l’exposition des résultats est singulièrement favorisée de nos jours par l’heureuse révolution qu’ont subie, depuis la fin du dernier siècle, les études spéciales, surtout celles de la géologie, de la chimie et de l’histoire naturelle descriptive. À mesure que les lois se généralisent, que les sciences se fécondent mutuellement, qu’en s’étendant elles s’unissent entre elles par des liens plus nombreux et plus intimes, le développement des vérités générales peut être concis sans devenir superficiel. Au début de la civilisation humaine, tous les phénomènes paraissent isolés ; la multiplicité des observations et la réflexion les rapprochent et font connaître leur dépendance mutuelle. S’il arrive pourtant que, dans un siècle caractérisé, comme le nôtre, par les progrès les plus éclatans, un manque de liaison des phénomènes se fasse sentir pour certaines sciences, on doit s’attendre à des découvertes d’autant plus