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à M. Metaxas. On dit aujourd’hui à M. Metaxas qu’il est à la remorque de M. Coletti. M. Coletti n’a point été dupe de cette tactique : il faut espérer que M. Metaxas ne le sera pas davantage. Si l’on en juge par l’attitude des partis dans la chambre et dans la presse, la coalition anglo-napiste est fort loin d’être dissoute. Le ministère, pour résister à cette coalition, a besoin de l’union la plus intime et de la conduite la plus prudente.

Mais, je l’ai déjà dit, ce qui importe surtout, c’est que le ministère Coletti-Metaxas prouve bien clairement qu’il se regarde non comme le représentant d’un parti, mais comme celui du pays tout entier. M. Maurocordato avait, à grand tort, exclu de toute participation au pouvoir l’élément palicare. L’élément palicare vient de prendre sa revanche ; mais il ne faut pas qu’à son tour il se montre exclusif et tyrannique. Des journaux grecs ont imprimé que M. Coletti s’était engagé envers la France à écraser à la fois tout ce qui a tenu, tout ce qui tient encore au parti napiste et au parti anglais. C’est une calomnie et une absurdité. La France, en Grèce comme ailleurs, peut avoir ses préférences ; mais, loin de vouloir qu’on écrase personne, elle ne désire rien tant que le ralliement, que l’union de tous les hommes nationaux et libéraux. En parlant ainsi, j’exprime, j’en suis certain, l’opinion de l’opposition aussi bien que du ministère, de la gauche aussi bien que du centre. Si, comme on le dit, comme je le crois, la majorité actuelle attache quelque prix au bon vouloir et à la sympathie de la France, si elle est convaincue qu’aucune puissance européenne n’est plus disposée à lui prêter, en toute occasion, un concours cordial et désintéressé, elle écoutera, je l’espère, les conseils d’une amitié impartiale, et se défendra désormais de toute violence et de toute réaction.


P. DUVERGIER DE HAURANNE.