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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 mars 1845.


La situation s’aggrave en se prolongeant. Chaque jour démontre l’affaiblissement progressif du cabinet. Dans les questions d’affaires comme dans les questions politiques, les obstacles l’arrêtent à chaque pas. Partout il recule, partout il cède à une puissance supérieure. Irrésolu dans le conseil, son hésitation le suit à la tribune. Il n’ose défendre ses convictions. Il abandonne ses projets l’un après l’autre. Il ne songe qu’à parer les coups de ses adversaires, et croit vaincre les difficultés en les ajournant. Dans cette lutte sans gloire et sans dignité, le pouvoir s’abaisse. Son autorité diminue dans les chambres et dans le pays. Les mauvaises passions profitent de cet abaissement, et les amis du gouvernement s’inquiètent. Ils pensent aux éventualités dont l’avenir de la France est menacé. Ils se demandent si l’on agit sagement en laissant les affaires à des mains plus capables de susciter les crises que de les prévenir ou de les calmer. Ils se demandent aussi quelle peut être au dehors l’influence d’un cabinet dont l’existence est si précaire. Que deviennent les intérêts diplomatiques de la France, si le ministère du 29 octobre conserve vis-à-vis des gouvernemens étrangers l’attitude qu’il a devant nos chambres ?

Cependant, quoique timide dans ses résolutions et dans ses actes, le ministère est quelquefois hautain dans ses discours. Il voudrait dissimuler par la fierté du langage les embarras de sa position. Écoutez M. Guizot lorsqu’il parle de ses adversaires : quelle amertume et quel mépris ! En dehors du 29 octobre, M. Guizot ne voit point de ministère possible ; il ne voit que