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l’exportation monter à 27,792 kil, en 1824, n’en fournit plus que 14,877 kil. en 1825 ; en tout 49,660 kil. dans l’espace de quatre ans. De si pauvres résultats découragèrent les colons. Le ministère crut stimuler les travailleurs en retirant les primes accordées à la culture pour les réserver à l’exportation seule des denrées. Cette combinaison, loin de remédier au mal, porta le dernier coup aux plantations ; les habitans, abandonnant aussitôt le cotonnier, dont les récoltes ne pouvaient plus leur faire espérer l’allocation de primes suffisantes, tournèrent leurs vues vers l’indigofère, que l’on trouve dans toute l’Afrique. Les planteurs se remirent à l’œuvre avec le même zèle et l’enthousiasme qui avaient présidé aux premiers travaux de colonisation. Des champs nouveaux furent semés d’indigofères ; des agens du gouvernement, chargés de la manipulation des plantes dans des indigoteries construites aux frais de la caisse publique, employèrent heureusement les procédés qu’ils avaient étudiés au Bengale. La récolte, attendue avec anxiété, surpassa d’abord l’attente universelle : l’indigo de Saint-Louis égalait, s’il ne surpassait pas, celui du Bengale ; mais bientôt (car cette fatale restriction se présente sans cesse dans l’histoire du développement industriel de nos colonies) le prix de revient de la denrée fit évanouir la joie générale. Le taux de la vente resta constamment si élevé, qu’après cinq années d’essais en tous genres, la colonie dut perdre l’espoir de livrer sur les marchés d’Europe l’indigo du Sénégal au même prix que les produits indiens ; telle fut du moins la pensée du gouvernement, qui, en 1830, supprima définitivement les dernières allocations de primes pour les cultures de la Sénégambie.

Dès que l’on connut dans la colonie cette disposition du budget local de 1830, ainsi que l’ordonnance sur la compagnie de Galam, dont les sociétaires étaient relevés de l’obligation, imposée par leurs statuts, d’employer une partie de leurs capitaux à des travaux de plantations, l’administration et les particuliers abandonnèrent les indigoteries du Walo, et les négocians cherchèrent dans l’extension du commerce de la gomme les bénéfices que la terre leur refusait. Jusqu’en 1828, la traite des gommes n’avait point paru faire de grands progrès, puisqu’à cette époque le comptoir de Galam et les trois escales des Trarzas, des Darmankous et des Braknas n’avaient donné que 1,759, 317 kil., tandis que la moyenne des gommes tirées annuellement d’Afrique avant 1789 montait à 1,200,000 et 1,500,000 livres, et que si, dans certaines années, ce chiffre était descendu à 200,000 kil., ce qui arrive fréquemment de nos jours, il avait souvent aussi dépassé 3,000,000 de livres. Il est vrai que, les derniers efforts des blancs pour créer des habitations agricoles ayant eu lieu en 1828, les relations avec les Maures durent se ressentir de cette fièvre d’exploitation : la traite des gommes formait toujours la base principale des exportations du Sénégal ; mais le défrichement des terrains, le déplacement des capitaux, l’avaient fait considérablement négliger par la plupart des colons, qui eussent sans doute préféré la vie agréable et active du planteur à l’existence sédentaire du marchand. Quand il fallut renoncer à des illusions si long-temps caressées, les négocians voulurent réparer