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voisinage, mais sans détruire. Nous observions encore des ménagemens dans l’espoir d’éviter une guerre sérieuse.

Le 3 juillet, nous revenions sur Lalla-Maghrania, en longeant la rive droite de l’Isly ; les. Marocains nous suivirent pendant une lieue et tiraillant.

Il paraissait évident qu’ils n’avaient pas l’intention d’en venir à un combat sérieux, mais qu’ils voulaient seulement pouvoir se glorifier de nous avoir poursuivis. Le général, ne voulant pas leur laisser ce petit avantage moral, fit volte-face et marcha sur eux ; ils furent bientôt mis en déroute. Notre cavalerie lancée, après une heure de poursuite, en sabra quelques-uns, et tous disparurent sur divers points de l’horizon. Cette action, peu importante par ses résultats matériels, produisit encore un bon effet moral ; nos soldats appréciaient de plus en plus la faiblesse de ces multitudes désordonnées. De leur côté, les Marocains apprenaient à nous respecter, et les impressions des combats du 15 juin et du 3 juillet nous ont puissamment aidés dans la bataille du 14 août.

El Guennaoui, malheureux dans deux combats, fut arrêté et remplacé par Sid-Hamida. On répandit habilement que la destitution du premier était due à ce qu’il avait attaqué contre la volonté de l’empereur.

Hamida s’empressa d’ouvrir des relations avec le gouverneur ; il protesta de l’envie qu’avait son maître de rester en paix ; il annonça l’arrivée du fils de l’empereur qui venait avec des intentions pacifiques. Nous étions alors en avant d’Ouchda ; nous n’avions plus de vivres, et nos cacolets étaient garnis de malades : il fallait de toute nécessité revenir à Lalla-Maghrania. Le gouverneur, attribuant sa retraite à notre modération, répondit que, puisqu’on lui tenait ce langage, il allait se retirer derrière nos limites, et que là il attendrait les communications qu’aurait à lui faire le fils de l’empereur. C’était une espèce de suspension d’armes ; elle n’avait que des avantages pour nous, puisque les effets moraux étaient en notre faveur, que la chaleur était trop grande pour donner de l’activité à la guerre, et que d’ailleurs il nous arriverait des renforts en cavalerie.

Le fils de l’empereur se fit long-temps attendre ; il fit une grande halte à Tésa, une autre à Aïoun-Sidi-Mellouk ; enfin, il se décida à venir jusqu’à Coudiat-Abd-el-Kahman, à trois lieues ouest d’Ouchda ; de là, il fit écrire au gouverneur par Sid-Hamida. Comme toujours, il protesta de son désir de la paix, mais il terminait en demandant d’une manière péremptoire les limites de la Tafna. Le général en